Mort de Yahya Sinouar : "Le Hamas est affaibli, mais pas anéanti", estime Georges Malbrunot

Le chef du Hamas, Yahya Sinouar, est mort lors d'une opération dans la bande de Gaza, a annoncé le chef de la diplomatie israélienne jeudi 17 octobre. Trois semaines plus tôt, Israël avait déjà éliminé le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah à Beyrouth et le prédécesseur de Sinouar, Ismael Hanyieh, cet été à Téhéran. Sinouar était-il la dernière cible de l'armée israélienne.

A priori non. Pour le chef d’état-major de l’armée israélienne, la guerre ne s’arrêtera pas avant la capture de tous les auteurs de l’attaque terroriste du 7 octobre. Le long bras armé de l’état hébreu va donc essayer d’éliminer maintenant le frère de Yahya Sinouar, Mohammed Sinouar, l’un des principaux responsables de la branche militaire du Hamas qui avait planifié avec son frère le pogrom. 

Benjamin Netanyahou a bien prévenu que l’élimination de Sinouar était une étape importante dans le déclin du Hamas, mais elle ne signifiait pas la fin de la guerre dans la bande de Gaza, un territoire dévasté par un an de bombardements israéliens qui ont fait plus de 40.000 morts, selon le Hamas.

Israël veut toujours libérer ses otages

C’est un autre but de guerre affiché par le Premier ministre israélien. Il en reste plus de cinquante toujours en captivité. La mort de Sinouar pourrait permettre une reprise des négociations pour les libérer, des négociations stoppées depuis plusieurs mois, ni Netanyahou ni Sinouar ne voulant refermer ce douloureux dossier. 

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Joe Biden et Emmanuel Macron espèrent que cette disparition va accélérer les discussions sur les otages et favoriser un après-guerre à Gaza. Mais le Hamas est-il prêt à renoncer au combat ? En contrepartie d’une libération des otages, il réclamait jusque-là un cessez-le-feu d’Israël et un retrait de son armée. 

Mais les responsables israéliens veulent pousser leur avantage. Benjamin Netanyahou a bien proposé à quiconque détient des otages d’avoir la vie sauve en échange de leur libération et de la remise de leurs armes, sa proposition sera rejetée par le Hamas.

Dans quel état se retrouve le Hamas après cette nouvelle perte ?

Le Hamas est affaibli, mais pas anéanti. C’est un coup dur. Sinouar concentrait beaucoup de pouvoirs. Le remplacer va être compliqué, même si son frère fait figure de successeur. Si la formation intégriste a perdu selon Israël près de 20.000 hommes, il lui en reste encore 10.000 environ. Certes ils sont souvent réduits à des actes de guérilla face aux soldats israéliens. Mais, compte tenu des massacres qui ont eu lieu depuis un an, recruter ne doit pas poser de problèmes. 

On a bien vu ces dernières semaines que dans certains quartiers de la bande de Gaza, le Hamas reconstituait ses forces. Donc un coup dur pour les islamistes palestiniens, mais pas encore fatal, comme l’a souligné un haut responsable sécuritaire américain qui révéla que les États-Unis avaient aidé Israël à traquer l’architecte du 7 octobre.