DOCUMENT RTL - "J'aimerais tuer Poutine" : le témoignage rare d'un volontaire russe engagé pour l'Ukraine

Johnny* a 30 ans. Il combat en Ukraine au sein du bataillon sibérien qui a été formé l'été dernier et intégré, depuis, à la légion internationale ukrainienne. Volontaire, il se bat contre son propre pays. RTL a pu le joindre alors qu'il se reposait quelques jours en Pologne. 

Avant la guerre, Johnny travaillait dans le sport. Il a quitté son pays en octobre et laissé sa famille derrière lui. Interrogé pour savoir d'où il était originaire, il a refusé de répondre. D'autant que ses proches ne savent rien de sa vie actuelle. "Pour eux, je suis en Europe. J'ai créé cette légende pour que ma mère ne fasse pas une crise cardiaque. Si elle apprenait où je suis, ce serait un tel choc qu'elle ne survivrait pas", témoigne-t-il au micro de RTL.
 
Le bataillon sibérien de Johnny porte ce nom, car il est composé en très grande majorité de volontaires qui habitent ou sont originaires de Bouriatie et de Yakoutie. Ces républiques de Sibérie sont pourvoyeuses de chair à canon pour l'armée russe. 

La Russie, "un empire du mal qui doit être détruit"

Au début, ils étaient une cinquantaine. L'un des officiers de la légion internationale des forces armées ukrainiennes, a pu être contacté par RTL. Il refuse de dire combien ils sont aujourd'hui. Cependant, il affirme accueillir de plus en plus de ces volontaires qui se battent contre Moscou et pour leur région d'origine.

"Ils se battent pour le droit de leur peuple à l'autodétermination et pour son indépendance vis-à-vis de Moscou. Quelques Russes luttent pour leur liberté personnelle et pour la liberté des citoyens, mais tous comprennent que la Russie d'aujourd'hui est un empire du mal qui doit être détruit", estime cet officier.

C'est le cas de Johnny qui se revendique opposant au régime russe actuel. L'histoire récente de la Russie, l'annexion de la Crimée, l'arrestation et la détention d'Alexei Navalny, un régime de plus en plus dictatorial.  Au micro de RTL, Johnny ne cache pas sa détestation de Vladimir Poutine et l'invasion de l'Ukraine l'a poussé à agir. 

Ma principale motivation, c'est l'anéantissement du régime de Poutine. J'aimerais même tuer Poutine

Johnny, volontaire russe au côté de l'Ukraine

"Ma principale motivation, c'est l'anéantissement du régime de Poutine. J'aimerais même tuer Poutine. En Russie, la répression se renforce. C'est de pire en pire. La propagande contre l'Occident est de plus en plus présente. Le pays est devenu une dictature. Quand la guerre a éclaté, je n'ai pensé qu'à une chose : partir en Ukraine pour lutter contre le régime de Poutine"
 
Les atrocités commises en Ukraine par l'armée russe le confortent dans son désir de se battre au côté de Kiev. Elles ont même éveillé en lui un sentiment de vengeance. "Quand j'ai vu des photos et des vidéos de Marioupol, de Boutcha... Tout de suite, j'ai voulu venger ces victimes innocentes. J'ai un très grand sens de la justice. Je ne peux pas rester sans rien faire devant ces crimes contre l'humanité", estime-t-il.

Le bataillon face au risque d'infiltration d'agents russes

Ces combattants du bataillon sibérien sont sélectionnés, dans un premier temps, par un conseil civil installé en Pologne. Composé d'opposants au régime de Moscou, il fait un premier tri. Les volontaires retenus partent ensuite en Ukraine pour une sélection plus poussée afin d'écarter tout risque d'infiltration. 

"C'est une suite de longues procédures. On les questionne, on fouille dans leur vie privée, on les teste dans différentes situations. Je ne peux pas entrer plus dans les détails, mais nous les sélectionnons avec beaucoup de soins. Nous savons qu'ils sont une menace potentielle, car ils sont citoyens d'un État qui mène une agression armée contre l'Ukraine", explique l'officier de la légion internationale ukrainienne à RTL. Au total, la sélection dure environ un mois.
 
De son côté, Johnny espère pouvoir rentrer un jour chez lui en Russie. S'il l'envisage, ce n'est pas à n'importe quelle condition : "seulement les armes à la main, pour renverser le pouvoir". "Sans armes, je n'ai rien à faire là-bas", juge-t-il. Le conseil civil en exil, qui finance le bataillon sibérien, a son propre programme politique et rêve d'instaurer un régime démocratique en Russie.

*Il s'agit d'un prénom d'emprunt.

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