45 ans après les faits, Emmanuelle Béart, invitée ce jeudi matin de RTL, est revenue sur l'inceste dont elle a été victime entre 10 et 14 ans. Elle raconte également son histoire dans le documentaire Un silence si bruyant qui sera diffusé le 24 septembre sur M6. L'actrice pointe notamment les lacunes de la prise en charge des victimes en France et évoque le cas d'une mère dont l'enfant est victime d'inceste, mais qui ne parvient pas à le protéger de son père.
"Il y a beaucoup de mères qui vont porter plainte et porter la parole de l'enfant, qui se retrouvent à être soupçonnées d'aliénation parentale sur leurs enfants, à finir sur le banc des accusés", révèle l'actrice avec indignation. On appelle "aliénation parentale" le soupçon qu'un des parents a volontairement poussé l'enfant à haïr l'autre parent, jusqu'à parfois inventer de toute pièce des accusations d'inceste.
Cela peut paraître difficile à croire, mais selon la Civise, la commission d'enquête sur l'inceste mise en place en 2021 par Emmanuel Macron, ce type d'accusation est fréquent sur les mères qui viennent porter plainte, y compris de la part des enquêteurs et des magistrats spécialisés chargés de ces dossiers.
Plusieurs mères ont ainsi été poursuivies après avoir déposé plainte, comme celle évoquée par Emmanuelle Béart. Ce sont essentiellement des mères qui refusent tout contact entre un enfant et son père après des accusations d'inceste. Elles peuvent être condamnées pour non-présentation d'enfant dans le cadre d'une garde alternée ou pour la fuite, risquant ainsi jusqu'à la prison ferme, assortie d'amendes.
Pour protéger les enfants dans ce genre de situation, il existe des "ordonnances de protection" qui peuvent être prises par la justice après le dépôt de plainte, s'il est prouvé (par des messages, des enregistrements) ou s'il existe des indices graves et concordant que l'enfant est en danger immédiat. Mais les enquêtes prennent du temps, il faut parfois jusqu'à un an après la plainte initiale avant que policiers ou gendarmes puissent jauger les faits dénoncés par l'enfant.
Les associations préconisent une suspension des droits dès le dépôt de plainte, car selon elles, il y a très peu de fausses accusations, moins de 10%. La Civise demande, elle, des moyens plus importants attribués aux services d'enquête pour que l'on sache rapidement si l'enfant dénonce des faits réels.