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Des médicaments (illustration)
Crédit : Raul ARBOLEDA / AFP
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Les pénuries de médicaments se multiplient, et les industriels de la pharmacie poussent un cri d’alarme. Incroyables pénuries, qu’on a découvertes depuis le Covid, qui en effet s’intensifient, et touchent les produits les plus courants, comme tout récemment, l’antibiotique amoxicilline. Selon le ministère de la Santé, les alertes de rupture d’approvisionnement ont été multipliées par dix. L’industrie pharmaceutique, elle, donne d’autres chiffres, tout aussi préoccupants. Au premier semestre 2022, 660 ruptures contre 900 pour l’ensemble de l’année 2021.
Plusieurs raisons s’entremêlent et expliquent ces pénuries. D’abord, des prévisions de consommation erronées, parce que sous-estimées. Le Covid avait fait ralentir les pathologies classiques, elles sont reparties de plus belles l’hiver dernier, déclenchant une forte demande d’antibiotiques qu’on n’avait pas anticipée. Ensuite, on le sait, une forte dépendance vis-à-vis de l’étranger, qui se double d’une très forte concentration de la production des principes actifs en Chine, en Inde ou aux États-Unis. Donc nous en sommes réduits à prendre la file d’attente. Et il y a bien sûr la question du prix des médicaments, objet d’une controverse récurrente entre les industriels et les autorités sanitaires.
Pour l’industrie, c’est le cœur du problème : les prix du médicament sont trop bas en France, ils ne permettent pas une rémunération suffisante des producteurs, qui du coup sont dissuadés d’approvisionner l’Hexagone, et servent en priorité les autres marchés. D’où les pénuries. Et c’est vrai que les prix en France sont parmi les plus bas d’Europe, parce qu’ils sont administrés justement par l’administration.
Pourquoi ? Parce qu’elle veut limiter le coût des remboursements pour la sécu. Et que la sécu française rembourse mieux qu’ailleurs, en particulier mieux qu’en Allemagne, où les prix peuvent être plus élevés sans impact sur les dépenses publiques de santé. Il y a derrière tout ça un enjeu de comptes publics, le déficit de la sécu.
Alors, Avenue de Ségur, au ministère de la Santé, on pointe quand même, derrière l’argument du prix à remonter, la voracité des labos pharmaceutique et leurs profits. C’est vrai qu’ils ne font pas pitié. Une étude récente d’une revue scientifique britannique indiquait que les 14 labos les plus importants avaient dépensé, entre 2016 et 2020, davantage pour racheter leurs propres actions et servir leurs actionnaires que pour la recherche et le développement. Un comble.
Reste qu’il y a quand même un problème français. Notre industrie pharmaceutique, naguère pleine de vitalité, a bien pris un coup. Il y a 20 ans, nous étions le premier producteur européen, nous ne sommes plus que le 5e. Désindustrialisation, là encore. Dont il faut explorer les causes, fiscalité, coûts du travail ou prix du médicament.
Il faudrait rapatrier la production en échange de prix plus élevés, la loi le permet désormais. Organiser des filières européennes, c’est en cours, avec un programme qui ressemble à celui destiné à sécuriser notre approvisionnement en métaux rares, la problématique est la même. Et enfin, constituer des stocks pour les quelque 300 produits indispensables.
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