À l'occasion de la journée "Réindustrialiser la France" organisée à l'Élysée jeudi prochain Emmanuel Macron devrait annoncer un bouleversement des règles du bonus pour les voitures électriques. C’est une révolution. On va pour la première fois tenter d’exclure du bénéfice du bonus les voitures faites en Chine, grâce à un artifice réglementaire. La situation actuelle, on en a souvent parlé ici, est aberrante.
Les véhicules électriques chinois profitent en effet du même bonus que les voitures européennes, 5000 à 7000 euros. Ce qui constitue un double problème. Un, ces machines sont fabriquées dans des conditions environnementales désastreuses – 45% d’émissions de carbone de plus que si elles provenaient d’Europe, selon Bercy. Deux, pardon d’être aussi direct, mais elles sont chinoises.
À l’heure de la guerre économique sans partage que nous livre la Chine, c’est invraisemblable que le contribuable français subventionne la production de l’empire du milieu. Alors que là-bas, les Européens n’ont pas le droit de vendre leurs modèles s’ils ne sont pas équipés d’une batterie chinoise. Et honnêtement, la question se pose aussi pour les voitures américaines, maintenant que l’accès au marché américain a été restreint pour les Européens, par Washington.
L'idée de ce nouveau bonus : définir une norme pour les émissions de carbone lors de la fabrication de la batterie et du véhicule. Au-dessous du seuil, les voitures seront éligibles au bonus français. Au-dessus, non.
Impossible de savoir combien de carbone a été émis pour telle ou telle voiture. On va donc évaluer les émissions de carbone pour la production d’acier et de batteries, à partir de statistiques nationales de production d’énergie, en mesurant la part de charbon, de renouvelable, etc pour le pays. Pas très scientifique, mais efficace. Les voitures chinoises et coréennes seront de facto exclues du bonus, alors que les fabrications provenant des pays européens sont homologuées.
Toutes les voitures faites en Corée et surtout en Chine seront exclues, les MG, les Lynk and co, mais aussi les Dacia Spring, du groupe Renault, et la plupart des Tesla vendues en France, qui viennent de l’usine de Shanghai. Selon les dernières statistiques, 40% des bonus versés par l’État français vont à des véhicules faits en Chine, Spring et Tesla principalement. En contrepartie, on espère bien que cette nouvelle norme incitera les constructeurs, quelle que soit leur nationalité, à produire davantage en France.
Ça ressemble de près au plan américain de Joe Biden pour les industries vertes. Disons que c’est du protectionnisme en habit vert, c’est-à-dire sous couvert d’environnement. Ce qui permet d’être compatible avec le cadre européen et les règles de l’organisation mondiale du commerce. Et tant mieux. L’Europe ne peut pas rester le seul continent pratiquant le libre-échange, alors que Chine et Amérique font assaut de règles limitant l’accès à leur marché.
Mais comme l’Europe ne bouge pas assez vite – et sans doute les Allemands ne voudront pas pratiquer un tel système, parce qu’ils craindraient les rétorsions chinoises sur leurs exportations – la France avance seule. Elle a raison. Et elle va même utiliser une réglementation identique pour toutes les commandes publiques. Une révolution, vous dis-je, bienvenue, préparée depuis des mois par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.
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