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"On est à la limite de nos moyens financiers, humains et opérationnels" : l'alerte du président des Restos du coeur sur RTL
La 41e campagne d’hiver des Restos du cœur a débuté ce mardi 18 novembre. Invité de RTL en direct du Salon des maires de France, le nouveau président des Restos, Jean-Michel Richard, a alerté sur une pauvreté qui ne cesse de s’aggraver et sur les capacités désormais “à la limite” de l’association.
Les Restos du coeur ont achevé leur 30ème campagne hivernale
Crédit : AFP
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Un Français sur six vit aujourd'hui sous le seuil de pauvreté, soit près de 10 millions de personnes. Jamais le taux de pauvreté n'a été aussi élevé dans notre pays, un constat fait par le patron des Restos du cœur, Jean-Michel Richard, tous les jours dans les antennes des Restos, et ce depuis déjà trois années.
"Autant sur la période pré-Covid nous étions sur des rythmes de croisière : de 135 à 140 millions de repas distribués gratuitement, là nous sommes malheureusement au-delà de 160 millions et sur la campagne qui s’annonce, nous pressentons que nous serons encore au-dessus. On pourra consolider nos chiffres et le savoir vraiment qu'en fin d’année mais c’est déjà un sentiment que nous avons fortement”, explique-t-il au micro de RTL.
L’an dernier, 161 millions de repas ont été distribués à 1,3 million de personnes. Cette année, ce sera sans doute plus. Reste à savoir si l’association aura les moyens de faire face à cette hausse constante. “On est à la limite de nos moyens. À la limite de nos moyens financiers, de nos moyens humains et de nos moyens opérationnels", déplore Jean-Michel Richard. Avant d'ajouter : "nos équipes sont formidablement bien engagées. Elles portent l’activité au jour le jour, mais vraiment, on est à la limite, et le message qu’on veut faire passer aujourd’hui, c’est qu'il faut aussi que les pouvoirs publics prennent leur part, parce que les chiffres sont terribles et nous le constatons tous les jours."
Ces chiffres montrent une précarité toujours plus profonde. "Aujourd’hui, parmi les bénéficiaires des Restos du cœur 77% des gens vivent avec moins de la moitié du seuil de pauvreté, 42% une fois le loyer et les charges locatives retirées n’ont plus rien pour vivre donc on s’enfonce dans la précarité”, a-t-il rappelé.
“Nous refusons du monde chaque année”
La question des restrictions budgétaires a préoccupé cette semaine de nombreuses associations, alors que le débat budgétaire reste tendu à l’Assemblée nationale. Le Secours catholique a même annoncé 130 suppressions de postes, une première historique.
Est-ce que ce sera le cas aux Restos du cœur, l'association a-t-elle peur de ne plus pouvoir faire face à cette crise, allant jusqu'à potentiellement faire appel à la générosité des Français ? “Nous appelons à la générosité de façon habituelle et encore plus aujourd’hui. Tous les ans, nous refusons du monde et ce n’est pas une nouveauté. Des personnes qu’on ne peut pas nourrir parce que nous n’en avons pas les moyens. L’an passé nous avons refusé 60.000 personnes, et donc nous voudrions évidemment en faire plus. C’est un crève-cœur quotidien", a expliqué le patron des Restos du cœur.
L’association redoute également les arbitrages politiques : “Quand on s’adresse aux responsables, on leur dit : prenez la mesure de la situation. On ne peut pas s’habituer à ces chiffres.”
La précarité touche désormais des publics de plus en plus jeunes : “La moitié des bénéficiaires ont moins de 25 ans, 40 % moins de 18 ans. Il y a de très jeunes enfants. Beaucoup de familles monoparentales, qui représentent 50 %. C’est intolérable.”
L’isolement, lui aussi, explose : “64 % des personnes accueillies ont connu un épisode dépressif ces douze derniers mois, c’est trois fois plus que le reste de la population. Plus de 30 % disent qu’à part les Restos, ils n’ont aucun contact dans la semaine.”
Une réalité qui interroge d’autant plus que le gouvernement avait annoncé une année dédiée à la santé mentale. “Les fossés s’accroissent. Il y a une vraie problématique sociétale.”
Dons, bénévoles, solidarité : comment aider ?
Pour faire face, le patron des Restos du cœur a lancé un appel clair : “Nous avons besoin de dons bien évidemment, et je peux vous assurer que les Français sont au rendez-vous. Ils sont fidèles aux Restos. Puis, nous avons besoin de bénévoles, venez nous rejoindre. L’engagement fait du bien".
Le tissu associatif, a-t-il rappelé, compte 20 millions de bénévoles en France. “Cela tisse la cohésion sociale. Nos 78.000 bénévoles, quand ils viennent aux Restos, ils font du bien et en bénéficient aussi.”
