Les livreurs à vélo de chez Deliveroo, Uber Eats ou Stuart manifestaient le 18 mars 2025, car on a baissé le prix de leurs courses, en dépit du fait qu'il faut protéger ces métiers-là !
Ces emplois sont des bombes sociales à retardement. Ils illustrent ce qu'est en train de devenir le monde du travail : un monde d'auto-entrepreneurs, isolés, que les politiques ou les syndicats ont du mal à comprendre. Nous sommes en train de fabriquer avec beaucoup de cynisme des travailleurs invisibles et des futurs pauvres.
Les manifestants réclamaient le 18 mars une revalorisation de leurs courses. Ces derniers ont, en effet, vu leurs rémunérations baisser de 25%, ces derniers mois, selon les syndicats. Quand vous comptez le temps d'attente entre deux courses, ils gagnent moins que le SMIC horaire, souvent moins d'un euro du kilomètre.
La mobilisation a impliqué près de 500 livreurs, beaucoup dans des villes moyennes à Douai, Amiens, Melun, Rouen, Lille.
500 sur 70.000 livreurs en France, c'est peu, mais précisément, on met le doigt sur un des problèmes de ces statuts. Être livreur à vélo, c'est être auto-entrepreneur. Ce sont des statuts qui isolent et qui individualisent. Si vous arrêtez de travailler, vous perdez de l'argent.
On voit bien que ce sont des vrais métiers en mode dégradé : le barber remplace le coiffeur, le chauffeur VTC remplace le taxi, le livreur à vélo remplace le facteur, l'autoentrepreneur remplace le maçon. C'est aussi ce qui rend les plateformes très puissantes, car elles trouvent toujours quelqu'un qui est prêt à rouler pour moins d'1 euro si un autre refuse. C'est une économie du service et de la servilité.
Sans dire qu'il faut en finir avec le système des auto-entrepreneurs, il faut qu'on regarde ce statut avec objectivité. L'auto-entrepreneuriat est formidable pour permettre à certains d'entrer sur le marché du travail. Il permet aussi à des chômeurs de créer leur propre job. Mais il y a des pièges. On doit voir aussi la perversité du système et protéger ces jeunes, car en réalité, c'est notre avenir et notre modèle social qu'on protègera.
Le gouvernement s'est gargarisé de la création de plus d'un million d'entreprises en 2024. Pourtant, 60% étaient justement des auto-entreprises et il y a quelques jours, on s'est inquiété de voir que 61.000 patrons (166 par jour) avaient perdu leur travail la même année. Il y avait beaucoup d'auto-entrepreneurs dans le lot. Des gens qui se sont retrouvés sans rien du jour au lendemain.
Les autoentrepreneurs n'ont pas droit au chômage. Ils paient 22% de cotisations URSSAF et c'est tout. Ce sont des jeunes qui se cassent le dos et les adducteurs pour livrer des pizzas et des hamburgers, mais qui ne cotisent pas pour leur retraite parce que c'est trop loin
Ils ne cotisent pas pour la maladie, car ils sont jeunes, mais que vont-ils devenir quand ils auront des problèmes à 40 ans et qu'ils ne cotisent pas pour le chômage parce qu'ils pensent d'abord à la fin du mois ?
On va devoir protéger ces travailleurs malgré eux. Requalifier certains métiers pour en faire des salariés des plateformes comme les autres. Sinon le monde du travail va devenir un puzzle de salariés précaires.
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