La conférence de Munich sur la sécurité se réunit ce vendredi 17 février et l’incroyable pénurie de munitions est au cœur des préoccupations de tous les responsables militaires occidentaux. 5 à 7.000 obus par jour, c’est ce dont l’Ukraine a besoin dans la guerre qui l’oppose à la Russie et c’est davantage que ce que peuvent produire les pays de l’OTAN, a averti le secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg. L’inquiétude monte alors que la Russie semble préparer une offensive particulièrement puissante.
Une partie de nos stocks dans l'Hexagone ont déjà été donnés aux troupes de Volodymyr Zelensky. Emmanuel Macron concédait récemment que les stocks français restants correspondaient à deux semaines de consommation sur le front du Donbass. Malheureusement, la situation est similaire dans la plupart des pays.
Sous l’effet des restrictions budgétaires, de la détente d’après la chute du Mur, et de l’idée que la guerre traditionnelle était dépassée, les stocks de bons vieux obus de 155 mm se sont complètement dégarnis. Tous craignent de ne pas parvenir à maintenir le niveau de support militaire actuel, d’autant plus que la Russie fait tourner à fond ses usines d’armement depuis un an.
Tout le secteur est chauffé à blanc afin d'en fabriquer davantage à cause de cette demande croissante. Mais les capacités industrielles sont insuffisantes et l’approvisionnement en matière première pour fabriquer des explosifs manque, en particulier celui de l’acide nitrique. Certains plastiques résistants et les métaux pour fabriquer les coques d’obus manquent aussi à l'appel. Or, le doublement délais de livraison, atteignant jusqu’à 28 mois pour certains produits, n’est absolument pas compatible avec l’urgence de la situation en Ukraine.
Toutes les usines d’Europe sont passées au maximum de leurs capacités. Rheinmetall, le spécialiste allemand, vient d’annoncer la construction d’une nouvelle usine en Hongrie, pour faire des munitions explosives utilisées par les tanks et les mortiers. L’entreprise a également redémarré d’anciens ateliers qui avaient été abandonnés.
Le britannique Chemring se prépare à doubler et même tripler les livraisons. BAE de son côté produit en continu sans interruption la nuit et a embauché des légions d’intérimaires. Nammo a autrement annoncé une coopération avec l'Australie pour fournir à l’Ukraine les fameux obus de 155 mm.
Nexter, l’ancien GIAT industries, appartient au gouvernement français et à une famille d’actionnaires industriels allemands. L'entreprise fabrique aussi des chars blindés et se charge de cette coopération avec l’Australie. Autrement, Eurenco, ancienne SNPE, société nationale des poudres et des explosifs, est l'héritière de la Régie des poudres et des salpêtres, du temps de Louis XVI.
Eurenco possède des sites de production en France, à Bergerac notamment, en Belgique et en Suède. Elle subit également les pénuries de matières premières et a dû diversifier ses filières d’approvisionnement pour suivre cette demande exceptionnelle. À l'heure actuelle, son chiffre d’affaires bondit de 20 à 50% selon les produits. Elle devrait approcher 400 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023.
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