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"La France se trouve vraiment à la traîne" : quel est ce nouveau projet de restitution des œuvres pillées en Afrique

Ce mercredi 30 juillet, le gouvernement français a présenté un projet de texte visant à répondre à la demande de pays pillés réclamant le retour de biens culturels. Le projet, exposé en Conseil des ministres, prévoit de faciliter la sortie des œuvres des collections françaises.

Le président de la République Emmanuel Macron au musée du Quai Branly, devant la statue de l'homme-oiseau du roi King Ghezo, originaire du Bénin, en 2021.
Crédit : Michel Euler / POOL / AFP
Mathieu Isidore & AFP
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La restitution d'objets coloniaux, une nouvelle question étudiée par la France ? Ce mercredi 30 juillet 2025, le gouvernement a présenté mercredi un projet de texte afin de répondre aux pays réclamant le retour de ces biens culturels. Exposé en Conseil des ministres, le texte prévoit de faciliter la sortie des œuvres des collections françaises vers leurs pays d'origine.

La ministre de la Culture, Rachida Dati, s'est prononcée sur le réseau X, se félicitant d'un "acte fort", "pour l'apaisement, pour la reconnaissance des mémoires, et pour le renouvellement de nos relations avec les pays qui en ont été victimes". Le projet s'applique en priorité aux pays africains et vise à accélérer le retour de biens culturels réclamés par des "États qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère de la Culture.

Quels biens sont concernés ?

Les biens culturels concernés sont ceux ayant été acquis "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère. Le texte, concrétisation d'une promesse du président Emmanuel Macron lancée à Ouagadougou (Burkina Faso) en 2017, devrait être présenté en septembre 2025 au Sénat.

Le texte prévoit que seul un décret du Conseil d'État et la preuve documentée de son appropriation illicite suffisent, au lieu d'une simple loi spécifique pour chaque œuvre ou objet. Une commission bilatérale associant des historiens et experts français à ceux des pays demandeurs sera chargée de ce travail, si besoin, indique le ministère de la Culture.

Un projet retardé par le gouvernement français

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Si des milliers de pièces ont déjà été restituées à l'Afrique par d'autres pays du monde, le gouvernement français est "à la traîne", selon Saskia Cousin Kouton, professeure de sociologie à l'université Paris Nanterre et anthropologue. Depuis 2021, Paris n'a rendu que 26 objets du trésor royal d'Abomey au Bénin en 2021, et un tambour parleur Djidji Ayôkwé à la Côte d'Ivoire, dont la restitution a été votée le 7 juillet 2025.

En avril 2024, le British Museum et le Victoria & Albert Museum, deux musées britanniques, ont renvoyé, pour une durée de six ans, un total de 32 objets en or et en argent pillés dans le Royaume d'Ashanti, au Ghana. Une action mesurée, qui traduit un nouvel élan pour les pays demandeurs, et dépouillés de leurs œuvres.

En 2019, un sabre, supposé avoir appartenu au chef de guerre El Hadj Oumar Tall, avait été rendu au Sénégal en 2019, mais des doutes demeurent quant à l'identité de son propriétaire. Officiellement, une dizaine d'autres demandes lui ont été formulées, "certaines, très généralistes, pour lesquelles la ministre de la Culture, Rachida Dati, a demandé un resserrement du champ, comme pour l'Éthiopie qui réclamait, il y a quelques années, toutes les œuvres contenues dans les collections nationales", a indiqué le ministère.

Une volonté de "réparation matérielle et symbolique"

En mai 2024, l'Algérie a effectué une demande de restitution d'objets ayant appartenu à l'émir Abdelkader, lorsque de son côté, le Mali demande le retour des pièces du trésor de Ségou, saisies lors de la colonisation. Le Bénin souhaite également que la France étudie d'autres demandes après les 26 objets déjà restitués, a-t-il détaillé.

Quelques 300.000 objets originaires d'Afrique, du Moyen-Orient, d'Océanie et des Amériques sont toujours disponibles au sein du musée du Quai Branly, la plupart ayant été acquis durant la période coloniale, souvent par la force ou la coercition. Une grande partie de ces œuvres font l'objet d'un travail au long cours sur leur provenance en vue d'éventuelles restitutions.

Le nouveau texte poursuit un objectif de "réappropriation" par les États demandeurs, ainsi qu'une "réparation matérielle et symbolique du lien qui unit les États concernés à leur patrimoine et à leur mémoire", a souligné le ministère. Il s'agit de la troisième et dernière étape d'un dispositif législatif visant à faciliter la sortie d'œuvres du domaine public.

En 2023, la France a adopté deux autres lois-cadres : la première facilite la restitution des biens spoliés par les nazis, déposée par l'ancienne ministre de la Culture Rima Abdul-Malak. La seconde concerne celle des restes humains. Elle a trouvé une première application avec la restitution de trois crânes à Madagascar, qui devrait être officialisée fin août 2025.

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