Les débats sur la réforme des retraites se poursuivent, et il y a un mot qu’on n’entend absolument pas, capitalisation. Capitalisation, c’est un système de retraite qui permet d’investir l’épargne ou les cotisations retraite d’un individu sur les marchés financiers, et de lui servir une pension constituée ainsi lorsqu’il prend sa retraite.
Une
philosophie complètement différente de celle de notre système français, la
répartition, où ce sont les cotisations des actifs à un moment donné qui
financent les retraites versées au même moment. La capitalisation, c’est la
technique de l’écureuil qui met de côté et investit pour son futur. C’est ce
que font plusieurs de nos voisins, les Pays-Bas et le Royaume-Uni en
particulier.
Un bloggeur mathématicien, Acrithène, avait en 2012 un petit calcul. Un
salarié ayant commencé sa carrière en 1970 au salaire moyen, prenant sa
retraite en 2012, aurait obtenu une pension mensuelle de 1500 euros avec le
système français de répartition. S’il avait investi en actions françaises le
montant de toutes les cotisations versées sur cette période, il aurait pu
disposer d’une pension de 3000 euros. Le double.
Mais on ne fait pas cela pour deux raisons. D’abord, la bourse était excellente sur les dernières
décennies, mais il arrive que ce ne soit pas le cas. Celui qui aurait misé son
épargne sur Wall Street en 1928 aurait dû attendre la fin des années 1950 pour
retrouver sa mise, sans même les intérêts. Idem au Japon. En décembre 1989,
l’indice Nikkei était à 40 000, hier, 35 ans plus tard, il cotait seulement 28
000. Autant dire que la bourse n’est pas toujours gagnante sur la durée d’une
carrière. L’autre raison est culturelle. Les Français n’aiment pas la bourse, à
cause du risque, et de l’aspect "casino". Ils ne se rendent pas compte que le
risque de la répartition est à peu près le même. La répartition parie sur les
emplois du futur, la capitalisation sur les profits du futur, c’est à peu près
le même risque.
Panacher les deux systèmes serait la voie de la raison. Et c’est ce qui manque à la réforme
d’aujourd’hui. Ce serait d’autant plus justifié que le système français possède
déjà un fonds de réserve, d’une trentaine de milliards, investi à hauteur de
60% en actions et de 40% en obligations. Plus saugrenu encore, c’était relevé
hier par le site des Echos, les fonctionnaires possèdent leur propre régime de
retraite complémentaire obligatoire, investi en actions des grandes entreprises
! Au cœur de l’état, on parie sur le capitalisme pour financer ses vieux jours.
Avec les syndicats qui supervisent la gestion de cet argent.
Les grands syndicats français qui d'ailleurs s’indignent, dans leurs
déclarations publiques, des super-profits de nos multinationales. Vue sous un
certain angle, cette contradiction est assez rassurante, ça veut dire qu’ils
ont plus de bon sens qu’il n’y paraît. Il n’y a aucune en effet raison de
laisser le bénéfice des superdividendes de TotalEnergies et les autres grandes
entreprises aux retraités britanniques, néerlandais ou américains qui, eux,
achètent massivement les actions de nos entreprises.
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