Après un an de sanctions internationales, l’économie russe résiste, et même beaucoup mieux qu’on ne l’avait pensé. Il y a un an, les organismes de prévision pronostiquaient un effondrement de la Russie, il n’en est rien, son économie affiche une légère récession, -2% seulement en 2022, et devrait être dans le vert cette année.
Alors comment s’explique cette résistance ? Il y a eu un airbag très puissant, les bénéfices de l’économie de guerre, avec la fabrication industrielle d’armes, de munitions, qui a tiré l’appareil de production, et qui accélère même en ce moment avec l’intensification de l’offensive russe.
Sur 2022, la production industrielle n’est que légèrement négative, -0,6%, ce qui est une performance. Tout cela a bien sûr été obtenu avec la montée en puissance des commandes publiques. Comme dans toute économie de guerre, c’est l’état qui fait tourner la machine.
En 2022, malgré les sanctions, les recettes du pétrole et surtout du gaz ont littéralement explosé. Car si les volumes ont baissé, à cause de l’embargo et de l’autolimitation de l’Europe, les prix ont fortement grimpé cet été. Le pays a donc récupéré des dizaines de milliards de plus que d’habitude, pendant cette période. Mais on est peut-être à un tournant.
Parce que l’argent arrive beaucoup moins. Les flux de gaz à destination de l’Europe ont chuté de 90%, et les cours sont redescendus à leur niveau d’avant la guerre. Côté pétrole, la production est désormais vendue à la Chine et à l’Inde, mais à un cours bien inférieur à celui du marché mondial, 50 dollars contre 85. Au total, les recettes d’hydrocarbures de janvier ont chuté de 46% par rapport à janvier 2022. Alors que, on l’a vu, les dépenses explosent pour faire tourner des usines d’armement. Conséquence, le déficit budgétaire a explosé le mois dernier, atteignant 25 milliards de dollars, c’est le chiffre le plus élevé depuis plus de dix ans.
L’embargo commence à avoir des effets défavorables pour la Russie. Un spécialiste réputé des marchés des hydrocarbures, interviewé par le Financial Times ce week-end, estimait même que Poutine est en train de perdre la guerre de l’énergie, car le prix de gaz ne remonterait plus au niveau qu’on a connu, l’Europe, principal client pour le gaz, ayant trouvé des moyens d’approvisionnement de substitution.
Il y a aussi l’interdiction de l’exportation de matériels technologiques. Mais cela ne pénalise pas tant que cela Moscou. Car la Russie parvient à contourner cette interdiction. Encore une fois grâce à la Chine, qui exporte des technologies dites duales, ayant des applications à la fois civiles et militaires.