ÉDITO - Démographie : "À partir de 2040, nous perdrons deux millions d’actifs chaque année", alerte François Lenglet

On a constaté, lors de la guerre entre Israël et l’Iran, le peu d’influence de la France et de l’Europe, toujours à contretemps, jamais écoutées. Il y a d'ailleurs de nombreux exemples récents, en Afrique, aux États-Unis, ou encore en Australie, avec l’affaire des sous-marins qui nous ont échappé.

On pourrait bien sûr incriminer les hommes, Macron n’est pas Chirac ou Mitterrand. Mais au-delà de cela, le poids stratégique et militaire d’un pays est proportionnel à la puissance de son économie. Et l’économie elle-même dépend de la démographie.

Pourquoi la Chine est-elle devenue N°2 mondial ? Parce qu’elle a connu une trajectoire économique éblouissante sur près d’un demi-siècle, passant de 4%, à près de 20% du PIB mondial. Le Royaume-Uni, alors qu’il dominait le monde à l’époque de la reine Victoria, a rétréci sur le plan économique et géographique. Le Qatar de son côté est influent parce qu’il est riche.

Quelle est la situation de la France et de l'Europe, en termes de démographie ?

En France et en Europe, on a quand même un niveau de vie élevé, oui, mais nous déclinons, en valeur relative. Depuis 2024, la population active du continent baisse. À partir de 2040, nous perdrons deux millions d’actifs chaque année. En matière économique, l’écart de richesse entre l’Europe et les États-Unis était de 15% il y a vingt ans, il est aujourd’hui de 30%.

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Nous vivons aussi sur une rente déclinante. Toutes nos entreprises valant plus de 100 milliards ont été créées il y a au moins un demi-siècle. Alors qu’aux États-Unis, les six qui valent plus de 1.000 milliards ont toutes moins de 50 ans. Nous sommes dépendants pour l’énergie et les technologies de l’information, l’innovation n’a plus lieu en Europe, elle éclot aux États-Unis ou en Chine.

Comment expliquer ce déclin relatif ?

On explique cette situation d’abord parce que nous partons de très haut. Au 19ᵉ siècle, les pays européens étaient au sommet de l’ordre planétaire, on ne pouvait que descendre. Ensuite, parce que c’est le résultat de nos choix, deux en particulier. Celui de travailler moins que les autres, 10% de moins que les Américains, et 30% de moins que les Sud-Coréens par exemple, en nombre d’heures travaillées par habitant. Il n’y a pas de miracle. Moins de travail, c’est moins de croissance et moins de puissance.

L’autre choix, c’est celui d’une fiscalité élevée pour redistribuer. C’est moins d’inégalités, certes, mais aussi moins d’activité. Ces deux choix, moins de travail et plus d’impôts, sont encore plus vrais en France que dans les autres pays européens.

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