Pékin juge inacceptable les mesures de contrôle sanitaire prises par la France et de nombreux pays, contre les voyageurs arrivant de Chine. Voilà trois ans que la Chine a littéralement fermé ses frontières aux étrangers, sauf s'ils passent quinze jours de quarantaine drastiques, dans des conditions misérables et à leurs frais. Aujourd'hui, pourtant, elle juge inacceptable les simples tests que demande la France.
Il s'agit sans doute d'un signe de plus de l'état de désordre intellectuel dans lequel se trouvent actuellement le pouvoir et l'administration chinoise, alors que le pays va subir la plus grave crise sanitaire intervenue sur la planète depuis l'apparition du Covid. Un pays éprouvé et un pouvoir désorienté, les conséquences politiques sont inévitables.
Quelles conséquences exactement ? Souvenez-vous de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en avril 1986, en Union soviétique. L'extraordinaire incompétence du pouvoir de Moscou à traiter cet événement, à protéger les populations et à identifier les responsabilités, a été l'une des causes de la chute du régime quelques années plus tard. Elle a en tout cas été utilisée par les réformistes pour déboulonner le système. Peut-être que les communistes chinois sont train de vivre quelque chose de similaire avec cette crise.
Jusqu'ici et depuis des décennies, le pouvoir communiste avait une image de compétence. Dictatorial, il était certes largement corrompu. Xi Jinping était menteur, évidemment, mais il était compétent. Même, selon les Chinois, plus compétents que les gouvernements démocratiques occidentaux, en témoignaient l'extraordinaire croissance économique du pays depuis 35 ans. Sauf qu'il s'est magistralement planté sur la gestion du Covid, qu'il avait utilisé comme signe de la supériorité chinoise par rapport au reste du monde.
Après avoir imposé des restrictions de circulation démentes pendant trois ans, il a changé de cap pour deux raisons. Premièrement, le coût considérable pour l'économie, faisant fuir les étrangers et ralentir la production. Deuxièmement, le coût psychologique et politique pour la population, en particulier pour les jeunes, quasiment privés d'école et privés de mouvement durant trois ans.
Le plus grave se joue ce moment : une ouverture totale, brutale, qui n'a été ni préparée par la vaccination des séniors ni par la mise à niveau des hôpitaux. Erreur initiale donc dans le choix du "zéro Covid". Puis, nouvelle erreur plus grave encore, dans la façon d'en sortir avec des centaines de milliers de morts et une économie en croissance zéro au mieux selon les derniers indicateurs. Au mieux, parce que, la Chine est à la lisière de la récession,
L'opinion publique, ça compte aussi dans les régimes autoritaires, même s'il n'y a pas de sanction électorale pour le pouvoir. La sanction est en fait plus grave parce que les mouvements de l'opinion sont utilisés par les rivaux du leader pour l'éliminer politiquement, parfois physiquement. Si Xi Jinping s'est fait beaucoup d'ennemis pendant son ascension, ceux qu'il a écartés ou écrasés vont se réveiller. Le maître de Pékin était un dictateur compétent et légitime aux yeux des Chinois, il n'est désormais plus qu'un dictateur.
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