La réforme de l’assurance chômage a été présentée lundi 22 novembre par le ministre du Travail Olivier Dussopt et il y aurait désormais les chômeurs rouges et les chômeurs verts. L'idée de cette réforme est de faire varier, non pas le montant de l’indemnité chômage, mais sa durée, en fonction de la conjoncture.
Quand le marché du travail est dynamique comme en ce moment – rappelons que la France a encore créé 90.000 emplois au dernier trimestre connu – c’est la période verte, et la durée d’indemnisation est réduite, pour inciter les chômeurs à chercher du travail plus vite. À l’inverse, quand le marché est mauvais, on étend la durée d’indemnisation, pour protéger davantage les sans emploi. Une réforme de bon sens.
Mais comment définir les périodes vertes et rouges ? Là, ça se complique. Lorsque le taux de chômage est au-dessus de 9%, période rouge. Tout comme lorsqu’il augmente de 0,8%. La période verte doit cumuler les deux critères, en dessous de 9 de baisse de 0,8% pendant au moins trois trimestres consécutifs. On n’a pas considéré les marées d’équinoxe ni la durée d’ensoleillement sur le temple d’Abou Simbel…
Concrètement, un chômeur sénior qui est indemnisé 36 mois aujourd’hui passera à 27 mois en période verte, et retrouvera 36 mois en rouge. Un sans emploi qui a le droit à 12 mois aujourd’hui passera à 9 en période verte. En gros, le vert est inférieur de 25% au rouge.
Actuellement, selon les critères retenus, nous sommes en vert. La réforme s’appliquera donc au 1er février prochain, mais seulement pour les nouveaux chômeurs. En sont exclus également les dockers, les marins-pêcheurs et les intermittents du spectacle, ces derniers ayant réussi une fois de plus à sauver leur régime spécifique, qui est beaucoup plus généreux que le droit commun.
Les syndicats sont quant à eux vent debout contre la réforme et ça n’est pas très compréhensible. D’abord parce que la France compte plusieurs centaines de milliers d’emplois vacants, dans les secteurs les plus variés : les transports, la santé, la restauration. Or, il y a quand même un lien inversé entre la durée d’indemnisation et la motivation pour retrouver un travail. Pas pour tout le monde bien sûr, ça ne sera pas la solution miracle aux pénuries de ressources, mais ça devrait aider, à cause de l’incitation. Ensuite, l’idée de faire varier les protections en fonction du risque réel est intéressante.
Cela veut dire un état-providence à géométrie variable ? C’est déjà le cas pour l’assurance santé, les patients en affection longue durée, les maladies chroniques, sont par exemple pris en charge à 100% par la Sécu. Et pour le chômage, il faut se souvenir que dans le passé, ce sont souvent les difficultés financières qui ont motivé le durcissement du régime : les allocations diminuaient quand il y avait un déficit. Désormais, ce sera en fonction de la conjoncture, c’est quand même beaucoup plus juste. Le gouvernement attend quand même 4 milliards d’euros d’économies de cette réforme.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.