Changement climatique, gaz... Comment la France va-t-elle rester leader européen dans la production de sucre ?

En 2024, plus de 4 millions de tonnes de sucre de betterave ont été produites dans l'hexagone. Sur un an, cela traduit une hausse de 10%. Ces chiffres ne prennent même pas en compte le sucre de canne des départements outre-mer qui eux, représentent, eux, 175.000 tonnes. 

Cette production de sucre en grande quantité est la meilleure depuis cinq ans. Dès lors, la France est un véritable leader européen. Au niveau mondial, elle est le 2ᵉ producteur de sucre au monde. 

Dans ce processus complexe de transformation, d'autres produits sont fabriquées. Eux aussi bénéficient donc de ces excellents rendements, comme l'alcool agricole. Il sert à produire des spiritueux, des parfums, des produits ménagers. Dans ce secteur aussi, la France est le leader européen. 

Ces performances sont d'autant plus notables qu'elles s'inscrivent dans un contexte économique, politique, climatique et international globalement défavorable. Cependant, dans les années à suivre, ce secteur de production va devoir faire face à des défis majeurs. 

Changement climatique : un défi de taille pour la production

Le premier est le changement climatique, un problème très concret pour les producteurs de betterave. Certains d’entre eux font encore des cauchemars de la jaunisse virale. Maladie transmise par un puceron et accélérée par le réchauffement, elle donne une teinte jaunâtre aux feuilles du légume racine.

La photosynthèse ne peut pas se faire, et tout est bon pour la benne. En 2020, la maladie a fait perdre un tiers de la production nationale. Un désastre. Jeudi 17 juillet, quelques heures à peine après l’annonce des excellents chiffres de production de sucre, la confédération des planteurs de betteraves a alerté sur le retour de cette maladie dans leurs champs depuis le début du mois.

Face à cette menace, les agriculteurs peuvent avoir recours à un traitement d'acétamipride. Il s'agit d'un insecticide néonicotinoïde mortel pour les pollinisateurs. Interdite en France depuis 2018, la loi Duplomb vient d’autoriser son retour dans les champs. Cette solution est cependant temporaire, puisqu’il sera de nouveau interdit en 2033 selon une décision européenne. 

Un autre facteur important à prendre en compte sont les inondations répétitives. Phénomène surtout présent dans le nord, il touche très fréquemment ce qui est la première région productive de betterave en France. 

Production de sucre et gaz : quel est le lien entre les deux

Le deuxième défi pour la filière est la décarbonation. C’est assez méconnu mais cette production est extrêmement gourmande en énergie et en gaz. C’est pour cette raison que le prix du sucre avait doublé en 2022 après le début de la guerre en Ukraine.

D’après l’agence de l’environnement, le secteur représente, à lui seul, 3% des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie. La stratégie nationale Bas carbone lui impose 81% de réduction de CO2 d’ici 2050.  Objectif ambitieux, il contraint la filière à faire de coûteux investissements. Évidemment, cette transition vers un sucre propre va se payer à moyen terme à la caisse des supermarchés et dans les boulangeries.

Une mauvaise image du sucre

Tabac, alcool... le nouvel ennemi public est le sucre. Aujourd’hui, tout le monde le pointe du doigt : les autorités de santé, les associations, le gouvernement.

L’obésité a plus que doublé en France depuis 1997 ! C’est encore plus fort chez les jeunes. En comptant le surpoids, un Français sur deux est concerné. 

De plus, la nouvelle formule du Nutri-score sanctionne le sucre encore plus durement qu’avant. Sa présence dans les boissons est également davantage taxée par une loi depuis quelques mois. Depuis cette taxation, les ventes de jus de fruits ont baissé de 10% depuis l'an 2024. 

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