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Le Bescherelle, grand classique de la révision de la conjugaison (photo d'illustration)
Crédit : MYCHELE DANIAU / AFP
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Ce dimanche, amis des mots, nous parlons d’un temps rare. Bertrand Tavernier vient de nous quitter, et j’ai eu envie de revoir son Horloger de Saint-Paul. Or, à un moment, dans le film, on aperçoit un slogan écrit en grosses lettres sur une affiche : "Il faut propager l’imparfait du subjonctif dans les classes pauvres !" Évidemment, j’ai cherché d’où ça venait. La phrase serait tirée d’un programme électoral fantaisiste de l’humoriste Alphonse Allais. Alors j’ai décidé de le prendre au mot et de propager sur RTL ce matin l’imparfait du subjonctif.
Au cas où vous l’auriez oublié, pour commencer, à quoi ça ressemble, l’imparfait du subjonctif ? C’est vrai qu’on ne l’entend pas tellement à la caisse des supérettes ! Voici ce que nous en dit le Bescherelle : "Le subjonctif imparfait devrait s’employer dans une proposition subordonnée, pour indiquer la simultanéité ou la postériorité d’une action par rapport à l’action de la principale, lorsque celle-ci est au passé."
Bon. J’ai l’impression que vous n’êtes pas plus avancés. Ce sera nettement plus clair avec un exemple : "Je craignais que la tempête ne se levât ce soir". Attention de ne pas confondre le subjonctif imparfait avec le passé simple, qui se prononce de la même manière ("elle se leva") mais s’écrit sans accent ni T final.
Alphonse Allais est aussi l’auteur d’un célèbre poème tout à l’imparfait du subjonctif, qui s’appelle Complainte amoureuse : "Fallait-il que je vous aimasse, Que vous me désespérassiez, (…) Et que je vous idolâtrasse, Pour que vous m'assassinassiez !" Tout ça au subjonctif imparfait. A l’évidence, Alphonse Allais, qui est mort il y a plus d’un siècle, s’amuse à utiliser ce temps parce que déjà à son époque, il semble bizarroïde.
Et si vous ne maîtrisez pas l’imparfait du subjonctif sur le bout des ongles, amis des mots, je vais vous mettre à l’aise : même Proust avait du mal, semble-t-il : on lui a reproché des erreurs dans sa Recherche du temps perdu.
À l’oral, c’est un temps qui ne s’emploie plus du tout. Et à l’écrit, on le trouve bien sûr dans les textes anciens, et c’est l’une des raisons qui font que nous avons besoin de le connaître, mais on le rencontre aussi dans quelques textes contemporains littéraires ou d’un certain niveau de langue. Ailleurs, le subjonctif imparfait est remplacé quasi systématiquement par le subjonctif présent : au lieu de "Fallait-il que je vous aimasse" on dit beaucoup plus simplement "Fallait-il que je vous aime".
Tenez, en parlant d’aimer, je ne résiste pas à partager avec vous une anecdote croustillante que j’ai trouvée sur le site de l’Académie française – et ce n’est pas si souvent que la Coupole propage des anecdotes croustillantes ! Il s’agit de Nicolas Beauzée, un académicien grammairien du XVIIIe siècle. Un jour, en rentrant d’une séance au Quai Conti, il " trouve sa femme en galante compagnie". L’amant surpris s’écrie : "Quand je vous avertissais, madame, qu’il fallait que je m’en aille". À quoi l’époux trahi répond : "Monsieur, dites au moins : Que je m’en allasse !" Concluez-en ce que vous voudrez, amis des mots, moi j’en conclus que dès le XVIIIe siècle, l’imparfait du subjonctif avait déjà du plomb dans l’aile.
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