C'est une révolution qui n'aura peut-être jamais vraiment lieu : nourrir la planète avec des protéines d'insectes, une promesse qui vire à l'échec total.
Les projets s'écrasent les uns après les autres, tels des moustiques sur un pare-brise. Nourrir le monde avec des insectes, produire des protéines sans déforester, sauver les océans de la surpêche : moins de terre, moins d’eau, moins d’émissions de CO₂, tel était l’avenir promis.
On pouvait le croire, avec ces larves de mouches et de scarabées réduites en poudre, prêtes à remplacer le soja et les farines animales traditionnelles. La start-up française la plus en vue dans le secteur, Ÿnsect, promettait de "réinventer la chaîne alimentaire". Cependant, la semaine dernière, Ÿnsect a été placée en redressement judiciaire et devrait maintenant être vendue à la découpe.
Ÿnsect a levé et englouti 600 millions d’euros. Les investisseurs se battaient pour en être. Emmanuel Macron avait envoyé trois ministres inaugurer la ferme-usine géante du groupe à Poulainville dans la Somme. Le journal Le Figaro rappelle qu'Iron Man lui-même, l'acteur Robert Downey Jr., avait investi dans l'affaire. L’horizon était dégagé, l’enthousiasme total, puis tout s’est effondré.
Outre Ÿnsect, Agronutris, une entreprise toulousaine, a également levé des millions par centaines. Bien qu'elle soit toujours debout, elle vacille, et plus personne ne croit qu'elle sera capable de monter la dizaine d'usines qu'elle avait en tête d'ici à 2030.
Mais pourquoi cela n'a-t-il pas fonctionné comme prévu ? Le contexte global, valable pour tout le monde, inclut le COVID, la guerre en Ukraine, et les prix de l'énergie. La croissance des insectes implique une température constante d’au moins 25 °C, ce qui n'est ni bon marché ni écologique.
Il y a aussi des explications techniques : élever autant d'insectes est plus difficile que prévu. De plus, une réalité économique s'impose. Selon l’Observatoire national de l’élevage d’insectes, une tonne de farine d’insecte coûte environ 5 000 euros, contre 1 600 euros pour la farine de poisson et seulement 400 euros pour la tonne de farine de soja utilisée pour le bétail. Des prix 10 à 12 fois plus chers rendent la concurrence impossible.
En conséquence, les industriels de l'insecte ont ciblé les aliments pour chiens et chats. La French Tech, qui voulait changer le monde, s’est retrouvée à fabriquer des croquettes prémiums pour animaux de compagnie, ce qui n'a pas suffi.
Le vrai problème est plus évident : les gens ne veulent pas manger d’insectes. L’Europe a beau valider des autorisations, la réaction est toujours la même : dégoût, indignation, rejet. Les supermarchés bannissent les produits contenant ces poudres d’insectes, car les associations de consommateurs se révoltent.
On peut injecter des millions dans l’innovation, mais les mentalités et les réflexes culturels ne se changent pas à coups de levées de fonds. Les gourous du scarabée rêvaient de nourrir le monde, mais ils n'ont nourri que leurs propres illusions.
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