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INVITÉ RTL - Jean-Claude Mailly déplore "des ponts coupés" entre le gouvernement et les syndicats

Maud Bregeon, porte-parole et députée Renaissance des Hauts-de-Seine et Jean-Claude Mailly, ancien secrétaire général de Force Ouvrière, ont confronté leurs points de vue sur la réforme des retraites, au micro de RTL.

Jean-Claude Mailly
Jean-Claude Mailly
Crédit : RTL
Maud Bregeon et Jean-Claude Mailly sont les invités de Julien Sellier
00:12:06
Maud Bregeon et Jean-Claude Mailly sont les invités de Julien Sellier
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Marion Calais & Julien Sellier - édité par Jeanne Le Borgne

Ce jeudi 26 janvier, la mobilisation a gagné pour 48 heures les raffineries et les ports. Il y avait plus d'un million de manifestants dans la rue la semaine dernière et un nouveau défilé est prévu le mardi 31 janvier contre la réforme des retraites. Selon un sondage RTL, les deux tiers des Français veulent que la contestation s'installe...

"J'ai parfaitement conscience que c'est une réforme qui est impopulaire, admet d'emblée Maud Bregeon, porte-parole et députée Renaissance des Hauts-de-Seine. Les réformes des retraites ont toujours été impopulaires. Mais l'enjeu, c'est que nous avons un déficit qui va se creuser dans les années à venir, la question est donc de savoir si l'on veut maintenir ce pacte intergénérationnel", tente d'argumenter la députée. 

Pour autant, elle l'assure, il est nécessaire de "continuer de dialoguer avec les organisations syndicales et cela sera fait à l'Assemblée nationale et au Sénat". "C'est une réforme indéniablement difficile, mais courageuse", assure-t-elle. 

L'âge de départ, point de crispation entre syndicats et gouvernement

En face, Jean-Claude Mailly, ancien secrétaire général de Force Ouvrière, déplore pourtant "des ponts coupés" entre le gouvernement et les syndicats. "Préserver ce système par répartition est une évidence et les syndicats l'ont toujours défendu, mais il y a un problème de calendrier et de méthode, déplore-t-il. On ne sait pas, en France, concerter avec les pouvoirs publics. La concertation ressemble généralement plus à de la concertation, dans le sens où l'on vous demande simplement votre avis, mais on n'en fait ce que l'on veut."

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"Sur le report de l'âge, le gouvernement savait que tous les syndicats seraient contre et pourtant ils l'ont maintenu", poursuit-il, qualifiant la façon de faire du gouvernement de "brutale". "Il y a deux façons de concerter : ou on concerte et ça devient une négociation sans signature, à savoir que l'on tient compte de l'avis des syndicats et on modifie des choses ; ou on consulte. Et là, j'ai le sentiment que c'était plutôt une consultation", grince-t-il

"D'ailleurs, aujourd'hui, la phase de concertation avec les syndicats est terminée. On est rentré dans une phase politique et il n'y a plus de contact. Je n'ai jamais vu auparavant des ponts coupés comme ça, y compris quand c'était difficile. Et ce sentiment, très largement partagé par la population, est dû au report de l'âge de départ à la retraite", assure le syndicaliste. 

Une critique que Maud Bregeon réfute : "Olivier Dusspot a reçu les syndicats à maintes reprises et aucun n'a quitté le ministère en claquant la porte. Nous avons réussi à maintenir un dialogue et cela a permis des avancées, notamment sur la question de l'index pour les séniors ou celle des carrières longues", assure-t-elle.

Une réforme "nécessaire"

La députée de la majorité nuance toutefois son propos, concédant acter "un point de désaccord sur l'âge de départ à la retraite. Et on l'assume, affirme-t-elle. Nous demandons aux Français un petit effort supplémentaire pour que ce système puisse être préservé sur le long terme. "

Car pour Maud Bregeon, cette réforme est "nécessaire" et même si travailler plus longtemps "va être difficile pour un certain nombre de Français", elle assure que le gouvernement "essaie autant que possible de préserver ceux qui ont des carrières longues ou hachées et de gommer certaines injustices, notamment pour les femmes."

"La retraite, c'est le reflet d'une carrière et étant donné que les femmes ont, de façon générale, des carrières beaucoup plus hachées, avec des contrats plus précaires et un plafond de verre au-dessus de leur tête, si vous reculez l'âge de départ à la retraite de deux ans, c'est évident qu'elles sont davantage pénalisées", réplique toutefois Jean-Claude Mailly.

Sans rebondir sur ces propos, Maud Bregeon assure que "le groupe Rennaissance est prêt à faire des concessions et même des propositions" à l'Assemblée, via des amendements, car la députée est persuadée de la nécessité de cette réforme. "Aujourd'hui, les personnes qui ont le plus besoin de ce système de retraite sont ceux qui n'ont rien d'autre. J'estime que la retraite, c'est le patrimoine de ceux qui n'en n'ont pas", argue-t-elle.

"Si vous êtes un cadre dirigeant et que vous gagnez bien votre vie, vous avez capitalisé au cours de votre vie et vous avez investi. Vous n'attendez pas du système de retraite qu'ils vous garantissent votre niveau de vie après la période de travail. Ce sont les personnes les plus modestes, les classes moyennes qui pâtiraient d'un abandon du système de retraite comme on a aujourd'hui. C'est pour eux qu'on le fait, pour les jeunes et pour ceux qui en auront le plus besoin. C'est pour les classes populaires que le système doit être préservé et la réforme menée", assure la députée. 

De nombreuses mobilisations à prévoir

À l'inverse du gouvernement, Maud Brégon se garde toutefois d'inciter à ne pas manifester.  "Le droit de grève et le droit de manifestations sont, à mon sens, intouchables, assure-t-elle. Maintenant, charge aux syndicats de trouver la bonne façon de le faire pour pouvoir continuer à manifester leurs revendications sans pour autant bloquer le pays. On peut avoir des revendications sans être dans un blocage total, qui, à mon avis, ne servirait personne, ni même les revendications."

Réponse de Jean-Claude Mailly : "Nous sommes rentrés dans un bras de fer compte tenu du contexte. Si vous voulez gagner, il va falloir mener d'autres types d'actions que les manifestations, sans parler de couper l'électricité des politiciens. Je su