INVITÉ RTL - Colère des agriculteurs : "Certains n’ont plus rien à perdre", estime le président des Jeunes Agriculteurs
Invité de RTL mardi 23 janvier, Arnaud Gaillot, président des Jeunes Agriculteurs, demande "des annonces très concrètes" au Premier ministre pour éviter que la mobilisation s'enlise.
Arnaud Gaillot, président des Jeunes Agriculteurs, organisation syndicale qui regroupe les agriculteurs de moins de 38 ans, est l'invité de RTL, mardi 23 janvier. La veille, il était à Matignon avec le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, pour rencontrer le Premier ministre et le ministre de l'Agriculture.
À la sortie de cette réunion, Arnaud Rousseau a déclaré que les actions ne seraient pas levées tant qu'il n'y aurait pas de décisions concrètes. "Pour l'instant, on ne lèvera pas les barrages tant que le Premier ministre n'aura pas fait des annonces très concrètes", a appuyé Arnaud Gaillot au micro de RTL. Il a rappelé que les agriculteurs n'avaient pas intérêt à faire durer le mouvement, car ils avaient des exploitations à faire tourner. Les syndicats ont donné quelques jours aux responsables politiques pour faire des annonces, et jusqu'au salon de l'Agriculture, qui doit ouvrir le 24 février, pour annoncer des mesures sur le temps long.
Ce mardi 23 janvier, la mobilisation des agriculteurs s'intensifie avec des manifestations dans le sud-ouest du pays mais aussi des actions dans la Drôme, dans l'Oise et en Bretagne. Un drame a d'ailleurs eu lieu ce matin sur un point de blocage en Ariège. Une agricultrice a été tuée, son mari et sa fille adolescente ont été grièvement blessés après avoir été renversés mardi à l'aube sur un barrage routier. Les trois occupants de la voiture qui a foncé sur le barrage ont été interpellés et placés en garde à vue, selon une source policière.
La possibilité de poursuivre le mouvement à Paris a été évoquée par le président des Jeunes Agriculteurs, qui a constaté une détermination bien réelle sur le terrain. "On a une vraie crise profonde, les mecs, malheureusement, n'ont pour certains plus rien à perdre. C'est leur survie qui est en jeu", a-t-il précisé.
Un agriculteur sur cinq sous le seuil de pauvreté
Certains craignent que le mouvement se transforme en une crise comme celle des "gilets jaunes". "J'ai confiance en nos agriculteurs qui sont des gens responsables", a indiqué Arnaud Gaillot, qui ne souhaite pas de récupération politique. "Je veux bien qu'ils nous aiment tous. Mais, à un moment donné, qu'ils le prouvent par des actes, les paroles ça suffit", a-t-il lancé.
Les agriculteurs sont confrontés à deux grands problèmes, avec des normes trop nombreuses et des revenus trop faibles. Un agriculteur sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, avec moins de 13.000 euros par an. En trente ans, le revenu net de la branche agricole a baissé de 40%.
Le président des Jeunes Agriculteurs a demandé "qu'on paie le juste prix des produits", avant de dénoncer le système des grands groupes et d'une partie de la grande distribution. La loi Egalim, qui doit garantir un revenu, n'est pas appliquée et les agriculteurs ont souhaité que les contrôles de la DGCCRF soient renforcés.
Arnaud Gaillot a demandé un "choc de simplification". "Sur la question du revenu, sur la question des normes franco-françaises, il leur suffit d'une loi", a-t-il conclu.
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