Les infos de 6h - "Des soirs, on a un peu honte de regarder sa famille" : en Haute-Garonne, le cri de désespoir des agriculteurs

"Ici commence le pays de la résistance agricole". Écrit en lettres rouge sur une bâche noire, ce message domine actuellement l'A64 à hauteur de Carbonne au sud de Toulouse. Cela fait trois jours que les agriculteurs d'Occitanie sont mobilisés. Cela fait trois jours qu'ils bloquent l'A64 avec leurs tracteurs et des bottes de paille déversées sur la chaussée.

Bertrand Lou a 46 ans. Cet éleveur de vaches aux revendications multiples a repris l'exploitation familiale il y a 27 ans. "J'ai redémarré sur la petite ferme de mes grands-parents. Je l'ai construite au fur et à mesure du temps."

Pour lui, "cela devient de plus en plus compliqué. C'est de pire en pire". Car son élevage de bovins a été sévèrement touché par la maladie - la MHE - à l'automne dernier. Des pertes qui, conjuguées à la forte augmentation des taxes sur le carburant des agriculteurs, lui permet à peine de s'offrir un revenu de misère. "La moyenne est de 800 euros par mois maximum pour 80h de travail", souligne-t-il. 

Et même si cet éleveur adore son métier, le désespoir n'est parfois pas très loin. "Très régulièrement, on a de grosses déceptions. Il y a des soirs, on a un peu honte de regarder sa famille en ne pouvant pas leur offrir de meilleures conditions de vie."  "J'ai deux enfants. J'ai envie de les mettre à l'abri, qu'ils aient un avenir serein", poursuit-il. En rappelant qu'un agriculteur se suicide quasiment chaque jour en France.

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