La saison des festivals estivaux est lancée ! Concerts en plein air, fêtes entre amis, camping pendant plusieurs jours... Chaque été, des centaines de milliers de jeunes y participent en France. Mais depuis plusieurs années, des femmes racontent avoir été victimes de harcèlement sexuel pendant ces festivals.
Drague lourde, insultes sexistes, gestes déplacés, voire agressions sexuelles : beaucoup de festivalières ne se sentent pas en sécurité pendant ces événements. En Suède, les organisateurs du Bråvalla, le plus grand festival de musique du pays, ont décidé d'annuler l'édition 2018, à la suite de plusieurs viols commis l'année précédente.
D'autres organisateurs choisissent de créer des événements réservés aux femmes, ou avec des espaces exclusivement accessibles aux festivalières, comme le mythique Glastonbury l'a fait en 2016.
En France, les directeurs de festivals prennent conscience de cette réalité et se mettent à agir pour éviter les comportements sexistes et agressifs.
Alcool, foule, consommation d'alcool et de stupéfiants... Pendant les festivals, l'ambiance est à la fête et l'attention des participants et participantes diminue. La notion de consentement devient plus floue. Des harceleurs et des agresseurs abusent alors de la confusion de leurs victimes pour abuser d'elles.
"Une fois, un homme s'est touché les parties en me regardant et en me disant : 'ça me donne envie de baiser tout ça'", raconte Aurélie, une festivalière de 23 ans, à RTL Girls. Elle participe au Hellfest depuis plusieurs années, mais elle estime que les agressions sont relativement rares dans ce festival, où "il y a un grand respect des femmes qui sont en minorité, beaucoup de bières, mais peu de drogues".
Au mois de février, un homme a été condamné à un an de prison ferme et deux ans avec sursis après une agression sexuelle au Hellfest, le plus gros festival de métal d'Europe. À Rock en Seine, en 2016, un homme a été expulsé après des gestes déplacées envers une festivalières.
Les prédateurs profitent de la foule pour avoir les mains baladeuses
Claire Ludwig, membre de l'association Stop au harcèlement de rue
"Les prédateurs profitent de la foule pour avoir les mains baladeuses", explique Claire Ludwig, membre de l'association Stop harcèlement de rue. "Que ce soit des attouchements, de la drague un peu lourde ou bien des sifflements, c'est du harcèlement".
En juin, l'ONG Plan international Belgique a publié une enquête aux résultats alarmants : une femme sur six raconte avoir déjà été agressée pendant un festival. Dans sa campagne baptisée #SAFEstival, l'organisation alerte sur ce phénomène et publie des témoignages accablants. Des festivalières racontent : "Je me suis endormie saoule en pleine journée et je me suis réveillée parce qu'un mec me pelotait les seins" ou encore "En revenant du camping du festival, j'ai surpris un mec en train de filmer une fille dans les douches".
"Ces agissements ne sont pas toujours dénoncés, parce que les victimes n'ont pas forcément conscience que c'est du harcèlement", estime Claire Ludwig. Bien souvent, même si elles décident de porter plainte, leur récit n'est pas souvent écouté.
"On encourage les victimes à porter plainte, mais pour que cela aille plus loin, il faut qu'elle apporte des preuves ou bien qu'elles trouvent des personnes qui étaient présentes qui acceptent de témoigner. Dans les faits, c'est quasiment impossible", déplore la militante.
Longtemps boudé par les organisateurs, ce phénomène de société est de plus en plus pris en compte. "Ça fait trois ans qu'on a mis l'accent sur cette problématique", annonce Ludovic Larbodie, directeur et fondateur de Garorock à RTL Girls. "C'est important que les jeunes femmes qui viennent se sentent en sécurité", ajoute-t-il.
Un espace a été installé au centre du camping, "là où des incidents peuvent arriver". Il est dédié à la sécurité des festivaliers. "Que ce soit pour venir parler de santé, de drogue ou bien de harcèlement, les jeunes peuvent venir nous voir à tout moment", détaille l'organisateur.
Pour vérifier que la fête se passe bien, des agents, formés à réagir en cas de harcèlement ou d'agressions, circulent en permanence sur la totalité du site. "Tout le monde peut aller les voir en cas de problème", souligne Ludovic Larbodie.
Même son de cloche aux Vieilles Charrues. Un numéro à appeler en cas d'urgence et 700 agents de sûreté sont chargés d'assurer la sécurité de toutes et tous. "Ils ont pour consigne d'identifier les comportements anormaux et savent comment agir en cas de problème", explique à RTL Girls Jérôme Tréhorel, le directeur du festival.
Une procédure a été mise en place en cas de harcèlement ou d'agression. "La victime est tout de suite amenée au poste médical qui la prend en charge. Puis on prévient la gendarmerie qui intervient dans les 15 minutes qui suivent", garantit l'organisateur de l'événement qui accueille plus de 70.000 festivaliers chaque jour.
C'est important que les jeunes femmes qui viennent se sentent en sécurité
Ludovic Larbodie, directeur de Garorock
"Il nous est arrivé d'exclure des personnes qui avaient un comportement problématique, même si c'est très rare", ajoute-t-il, précisant qu'un système de vidéoprotection permettait de renforcer les contrôles et de retrouver les agresseurs.
"Il faut être sur tous les fronts en faisant aussi de la prévention", estime Claire Ludwig. Depuis trois ans, son association Stop au harcèlement de rue tient un stand pendant le festival Solidays à Paris.
"On récolte des témoignages, on sensibilise aux questions de consentement et de sexisme ordinaire, on intervient sur scène pour expliquer ce qu'est le harcèlement", raconte la militante.
"Cette année, on a créé des visuels spécifiques à cette question-là", ajoute Jérôme Tréhorel. Ils seront diffusés en amont sur les réseaux sociaux et sur des écrans pendant le festival "pour rappeler que non c'est non". "C'est important de le rappeler avant de faire al fête, c'est une petite piqûre de rappel", estime l'organisateur.
La militante de l'association Stop harcèlement de rue rappelle aussi que chacun peut agir s'il est témoin de harcèlement pendant un festival. "On peut aller voir la victime et faire diversion en lui proposant d'aller un peu plus loin, ou alors se diriger vers l'agresseur pour lui parler et laisser le temps à la jeune femme de s'échapper", conclut Claire Ludwig.
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