ÉDITO - Éducation nationale : "Il est temps de raccrocher l'uniforme au vestiaire et de passer aux solutions", affirme Saporta

Dans sa chronique, Isabelle Saporta revient sur l'expérimentation du port de l'uniforme pour les écoliers de Châlons-en-Champagne (Marne). Elle parle d'un fiasco.

Deux écoliers qui portent l'uniforme à l'école (photo d'illustration).

Crédit : DR

ÉCOLE - Il est temps de raccrocher l'uniforme au vestiaire et de passer aux solutions, aux vraies

00:02:05

ÉCOLE - Il est temps de raccrocher l'uniforme au vestiaire et de passer aux solutions, aux vraies

00:02:05

Je m'abonne à la newsletter « Infos »

C'est la République des faux-semblants. Posture martiale. Mesdames, Messieurs : LA FRANCE va rétablir l'égalité et l'autorité par l'uniforme. Bon, finalement, c'est un peu plus compliqué. Du coup, on va juste faire semblant de rétablir l'uniforme en le testant que dans une poignée de localités volontaires.

On appelle ça une expérimentation, c'est le mot chic pour ne pas dire fiasco. Et bien même l'expérimentation peau de chagrin, on n'y arrive pas. Un tiers des uniformes des 523 écoliers de Châlons-en-Champagne (Marne) sont étriqués et boulochés. Il a fallu tout racheter pour la bagatelle de plus de 19.500 euros.

Pendant ce temps, les études sur le niveau de nos élèves par rapport à ceux de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) sont toutes plus catastrophiques les unes que les autres.

Qu'il s'agisse de l'étude Piaac (Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes) qui dit qu'un adulte sur quatre en France est nul en résolution de problème comme en compréhension de texte. Ou de l'étude Timss qui non seulement confirme que nous sommes nuls en maths mais affirme en plus que lorsqu'on est issu de milieu défavorisé, on a quasiment aucune chance en France de devenir bon. Autant dire qu'il est temps de raccrocher l'uniforme au vestiaire et de passer aux solutions, aux vraies.

"Il va falloir motiver les professeurs pour qu'ils aient envie de le rester"

Je préconise moins de bla-bla-bla et plus de résultats, non ? Si vraiment on a peur que les enfants défavorisés souffrent de la façon dont les petits bourgeois sont habillés, alors on colle une blouse à tout le monde.

Mais la vraie souffrance, elle n'est pas là. Elle est dans l'égalité des chance qu'on n'a pas. Dans la méritocratie qui ne fonctionne plus. Et pour rétablir ça, ce ne sont pas des gadgets qu'il faut mais des cours de maths intensifs, de la lecture intensive et des cours de rattrapage.

Et pour arriver à ça, il va falloir motiver les professeurs pour qu'ils aient envie de le rester. Du coup, on va ranger nos petits uniformes dans les placards de la démagogie dont ils n'auraient jamais dû sortir, et traiter les profs avec plus de considération et plus de rémunération.

La rédaction vous recommande