Dordogne : quelles sont les conséquences du changement climatique sur la rivière ?

C'est dans le Périgord Noir que vous croisez la route de la Dordogne. Autour de vous, chaque rive offre une végétation verdoyante. Frédéric Erhardt est hydrobiologiste de formation. Travaillant pour Epidor, établissement public de bassin de Dordogne, il parcourt fréquemment ses belles plages de galets. 

"Si vous dessinez sur la carte de France la Dordogne, c'est le sourire de la France" dit-il. Surnommé "la rivière au mille châteaux", cet endroit a été désigné par l'UNESCO comme "une rivière remarquable" explique le spécialiste, "où des hommes vivent dans des milieux remarquables et tentent de les préserver".

Plage de galets très paisible, elle accueillait autrefois un site d'exploitation des graviers. L'activité aujourd'hui terminée, le site lui-même a été restauré, rendu à la nature, comme beaucoup d'autres gravières sur la Dordogne. Cependant, cette exploitation a eu de lourdes conséquences. Selon Frédéric Erhardt, une perte de "parfois deux mètres de profondeur de galets dans la rivière" peut être constatée. Des matelas ont été creusés "parce qu'on en avait besoin" dit-il et qu'à l'époque, "on ne s'est pas vraiment posé la question des impacts".  

L'un des impacts de cette baisse de niveau a été de déconnecter la rivière de ses bras morts. Véritables réservoirs de biodiversité, il y en a beaucoup en Dordogne. Christophe Audivier, technicien de rivière, connait particulièrement bien celle du Coux. Il œuvre notamment pour restaurer et reconnecter les bras morts de ce département.

"Les bras morts correspondent à d'anciens lits de la rivière" explique le technicien. Selon lui,  "Il faut imaginer la rivière autrefois avec plusieurs bras qu'on appelait des bras morts". Une appellation particulière, faisant référence à la stagnation de l'eau durant l'année. Cependant, d'après Christophe, en termes de biodiversité, la rivière "a affaire à des milieux tout à fait vivants, des havres de vie". Les pinces d'écrivisses sur les berges de la Dordogne témoignent de cette richesse et surtout, de la présence d'un animal bien "bien connu mais très discret".

Depuis les années 2010, la loutre d'Europe "est revenue sur le secteur après avoir totalement disparu", explicite le spécialiste. Tout comme d'autres espèces présentes dans la rivière, elle est exposée à un problème de plus en plus contraignant. En effet, à cause du réchauffement climatique, l'eau est nettement plus chaude. Source d'inquiétude pour Monsieur Audivier, il rappelle l'importance "de se méfier car certaines espèces vont atteindre leurs limites thermiques". Truites et saumons, par exemple, sont des espèces plutôt sensibles à ces montées de température. 

L'importance des bras morts

Petite zone ombragée marécageuse, les bras morts sont des espèces sur lesquelles certaines espèces viennent chercher de la fraicheur. Comme sur toutes les rivières de France, la question des sécheresses pose déjà un problème en Dordogne. D'après Christophe Audivier "on se retrouve avec des étés de plus en plus chauds et de moins en moins arrosés". Conséquence directe : le débit de la rivière. "Si les débits sont à la baisse, les bras morts vont être de moins en moins alimentés", se désole le technicien. 
 
Actuellement, les nombreux barrages présents en amont permettent un débit garanti. Cela veut dire qu'ils peuvent relâcher de l'eau stockée en cas de besoin. Malheureusement, cela ne suffira pas, prédit Frédéric Erhardt. "On est dans une évolution climatique et il va falloir composer avec, compter ce qu'on prélève et pourquoi on le prélève" confie-t-il au micro de RTL.  L'hydrobiologiste a également rappelé l'importance de l'eau dans l'agriculture, soulignant que "la Dordogne est aussi captée pour l'eau portable. Selon lui, "il faudra qu'on se pose la question de savoir combien pour l'eau potable, l'irrigation et surtout, pour la rivière". D'après Frédéric, " c'est là peut-être que les conflits naitront". 
 
Désormais, des arrêtés de restrictions d'eau sont pris dans le département de la Dordogne pour faire face aux sécheresses.

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