Niveau de la mer, disparition d'oiseaux : dans la baie de Somme, le changement climatique se voit

C'est l'un des plus beaux endroits de France. La baie de Somme se distingue par ses étendues de sable, ses paysages magnifiques et sa nature préservée. Cependant, la baie de Somme n'est pas épargnée par le changement climatique, comme toutes les régions de France.  

En 30 ans, le territoire a bien changé et les espèces qui y vivent ne sont plus les mêmes. À la pointe du Hourdel, les aigrettes, des oiseaux blancs, sont de plus en plus nombreuses alors qu'avant elles migraient vers le sud. En revanche, d'autres oiseaux noirs qui, eux, venaient ici pour fuir le froid plus au nord, ne viennent plus.

"Dans les années 80-90, il y avait la Corneille mantelée qui hivernait en baie de Somme. Maintenant, elle est devenue très rare parce qu'elle passe l'hiver dans les régions plus au nord", indique à RTL Alexander Hiley, ornithologue. 

Le niveau de la mer monte

Le changement climatique a aussi un impact sur le niveau de la mer. Aujourd'hui, des terres de la baie de Somme sont sous le niveau de la Manche, mais sont protégées au sud par une digue naturelle créée par les galets. La mer en apporte 19 kilomètres chaque jour. C'est pourquoi ces galets sont très précieux. 

"À l'origine, les galets viennent des falaises de Normandie. Donc, certains d'entre eux ont fait un voyage de 10 ans entre le moment où ils se sont décrochés de la falaise et le moment où ils sont arrivés ici. Les galets forment une barrière naturelle pour empêcher l'eau de la mer d'entrer dans les terres", indique Amandine, une riveraine et guide nature. 

Il ne faut donc surtout pas les ramasser. "On reçoit quand même entre 1 et 2 millions de visiteurs tous les ans. Si tout le monde ramasse des galets pour faire la décoration chez soi, au bout d'un moment, ça va un petit peu endommager cette barrière naturelle", ajoute-t-elle. 

70 à 80 millions d'euros de travaux

D'ailleurs pendant des années, des industries d'extraction de galets ont empêché la digue de se former naturellement. Aujourd'hui, les entreprises ont l'obligation de compenser ce qu'elles prennent par d'autres cailloux. Pour autant, la digue menace toujours de s'ouvrir par endroits alors il faut à tout prix la préserver. En 1990, une partie avait rompu, 300 maisons avaient été évacuées. Un pingouin avait même été retrouvé à huit kilomètres à l'intérieur des terres, un peu perdu. 

Le but est donc de renforcer les digues déjà présentes pour éviter que plusieurs dizaines de milliers d'habitants se retrouvent inondés. Jusqu'à présent, les scientifiques parlaient de risques de submersion par siècle, mais en 2050, ce sera tous les 10 ans. 

"Aujourd'hui, il y a tout un programme de renforcement de ces digues. La seule difficulté, c'est le montant financier. On est à plus de 70 voire 80 millions d'euros de travaux", indique Thierry Bizet, du service d'aménagement du syndicat mixte de la baie de Somme. 

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