La mort de Diego Maradona, victime d’un arrêt cardiaque ce mercredi 25 novembre à l’âge de 60 ans, a plongé le monde du football et l’Argentine toute entière dans une immense tristesse. Le président argentin a même décrété un deuil national de trois jours, une première pour un footballeur.
C’est qu’El Pibe de Oro n’était pas seulement un ancien joueur, il était une rock star, un demi-dieu dans son pays. Avec même une religion à son nom, qui compterait 100.000 adeptes environ. Comme le disait son coéquipier Jorge Valdano, "les Argentins vivent le football comme un rêve, et Maradona est le fils de ce rêve".
Ce statut légendaire, il le doit évidemment à ses exploits balle au pied, entre la fin des années 1970 et le début des années 1990, mais il le doit surtout à sa personnalité attachante, à la fois grandiose et pathétique, qui aura vécu mille vies en une et inspiré des artistes comme le réalisateur Emir Kusturica et le chanteur Manu Chao.
Né dans une famille pauvre, Maradona a grandi dans un bidonville du sud de Buenos Aires, où il a appris les valeurs de la rue, la roublardise, la malice, la triche parfois. C'est connu, un des buts les plus célèbres marqués par le petit attaquant (1,65m) est un but qui n’aurait jamais dû être validé, de la main, contre les Anglais. Un but qu’il a toujours assumé, car quand on est Maradona, on ne s’excuse pas : "ce but, c’était un peu la tête de Maradona, et un peu la main de Dieu" avait-il dit. L'expression est entrée depuis dans le langage courant.
Le numéro 10 de l’Argentine était aussi colérique et violent. En 1982, il termine son Mondial par un coup de pied asséné dans le ventre d’un joueur brésilien. Deux ans plus tard, à Barcelone, il provoque une bagarre générale face à Bilbao en finale de la Coupe d'Espagne.
À Barcelone, il goûte à la cocaïne, prémices d’une longue descente aux enfers vers la toxicomanie. Suspendu 15 mois en 1991 alors qu’il joue à Naples, il est exclu du Mondial 94 pour un nouveau contrôle positif, à l’éphédrine. Après sa carrière, devenu obèse, il frôle la mort en 2000 puis en 2004. Il ressuscite à chaque fois, replonge à chaque fois. "Si j'avais été narcotrafiquant, je serais mort de faim", plaisante-t-il.
Maradona était aussi souvent grossier. On se souvient qu’il avait demandé aux journalistes de "tous venir le sucer" en 2009 après la qualification de l’Argentine pour le Mondial. Il n'hésitait pas non plus à dire du mal de son grand rival Pelé, de son successeur annoncé Lionel Messi, et de bien d’autres qui furent pourtant ses amis.
Comment, avec autant de péchés commis dans sa vie, est-il parvenu à devenir l'égal d'un Dieu ? C’est que Maradona
était aussi un personnage sensible, charismatique, attachant. Toujours prêt à
utiliser sa voix pour aider les sans-grade, les opprimés. Ces
engagements politiques l’ont mené à des amitiés avec des personnages controversés comme Fidel Castro (dont le visage était tatoué sur son mollet) et
Hugo Chavez.
Il aimait aussi le président brésilien Lula et celui de l’Argentine
Nestor Kirchner, estimant que tous pouvaient "former une bonne alliance
contre la pauvreté et la corruption" en Amérique du Sud. C'était aussi sa manière de ne pas oublier d'où il venait.
Finalement,
Maradona était "une métaphore de l’Argentine", comme le disait le
journaliste espagnol Santiago Segurola, à la fois "excessif, génial, autodestructeur, vaniteux, dépressif et toujours contradictoire". Avec lui, c’est une partie de l’Argentine
qui disparaît.
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