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Le couronnement de Philippe Auguste en 1179 à Reims
Crédit : Jean Fouquet / WikiCommons
Philippe Auguste est le fils du roi Louis VII et de sa troisième épouse, Adèle de Champagne. Sa naissance tient du miracle, car son père attendait un héritier depuis près de trente ans. Cette naissance est considérée comme un don de Dieu, c’est pourquoi le petit Philippe est surnommé "Dieudonné". Philippe devient roi à 15 ans en 1180 après la mort de son père.
En 1199, Philippe Auguste est alors empêtré dans une drôle d’affaire conjugale. Sa première épouse, Isabelle de Hainaut, qu’il avait naguère tenté de répudier lors de sa brouille avec le comte de Flandre, est morte en couches peu avant son départ pour la croisade.
Après son retour de Terre Sainte, Philippe Auguste jette son dévolu sur une princesse danoise, Ingeburge, fille du roi de Danemark, Valdemar 1er et sœur du roi régnant, Knut VI. Philippe la rencontre à Amiens le 14 août 1193. Il l’épouse le jour même et la répudie dès le lendemain, le jour de son couronnement ! Philippe Auguste, sans donner d’explication, demande aux ambassadeurs du Danemark de repartir sur-le-champ avec la mariée.
Ces derniers refusent, l’incident diplomatique tourne au scandale d’État. Mais qu’a-t-il bien pu se passer en si peu de temps ? Un problème pendant la nuit de noces ? "Elle m’a noué l’aiguillette", aurait confessé le roi à son chapelain.
Le roi expédie ensuite sa jeune épouse Ingeburge au couvent, tout en entamant une procédure d’annulation de mariage. Comment imaginer que le roi de France, Philippe Auguste, si soucieux de l’intérêt de la couronne, provoque un tel esclandre pour une sombre histoire "d’aiguillette nouée" ? Il faut sans doute chercher la vraie cause dans les accords politiques sous-jacents au projet matrimonial, comme l’ont avancé plusieurs historiens.
Selon un chroniqueur anglais, Philippe Auguste aurait formulé des exigences pour la dot : la cession des droits des rois de Danemark sur la couronne anglaise, qu’ils tiennent de leurs ancêtres évincés par Guillaume le Conquérant, et l’appui de la flotte danoise en vue d’une future invasion de l’Angleterre. Mais les tractations ont été mal menées, les ambassadeurs français ont peut-être pris pour argent comptant de simples paroles en l’air.
En réalité, Knut le roi du Danemark consentit au départ de sa sœur pour la France, mais il ne lui donna qu’une somme d’argent en dot. En aucun cas, il n’accepta de céder ses droits sur la couronne anglaise. Or, les moyens de communication étant ce qu’ils sont au Moyen Âge, Philippe Auguste n’apprit le triste résultat de ces tractations qu’avec l’arrivée du cortège de la promise, alors que s’achevaient les préparatifs des noces. Trop tard ! La déception est énorme, cette épouse ne lui apporte rien d’autre que de l’argent.
Comme avec sa première femme, Isabelle de Hainaut, Philippe Auguste est prêt à répudier une épouse en cas de mésalliance. Se considérant comme libre de tous liens matrimoniaux grâce à des évêques complaisants et un pape faible, il se remarie avec Agnès de Méranie, une princesse bavaroise en 1196.
Mais quand l’inflexible pape Innocent III monte sur le trône de Saint-Pierre, il prend fait et cause pour la courageuse Ingeburge, qui, depuis son couvent, continue de faire valoir ses droits de légitime reine de France. Philippe Auguste se retrouve officiellement bigame, au grand dam du pape, qui place parmi ses principales tâches, la promotion du mariage monogamique.
Le pape Innocent III excommunie Philippe Auguste et jette l’interdit sur le royaume de France : les Français sont privés de sacrements, les morts ne sont plus inhumés dans les cimetières consacrés, des charniers s’improvisent à ciel ouvert...
La vie quotidienne est paralysée et le peuple gronde. Ingeburge est alors sortie de son couvent et l'interdit sur le royaume de France est levé, mais Philippe Auguste, malgré la mort d’Agnès de Méranie, refuse obstinément de laisser Ingerburge jouer son rôle de reine, même pour de la figuration. Cette tragédie matrimoniale va traîner en longueur : pas moins de quatre conciles seront tenus pour examiner les motifs fumeux de Philippe Auguste, telles que la consanguinité ou la non-consommation du mariage. En vérité, l’échec sexuel cache avant tout un échec politique.
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