En 1894 éclate la grande affaire qui ébranle la Troisième République et qui déchire toute la société française : l’Affaire Dreyfus. Georges Clemenceau prend vite fait et cause pour l’infortuné capitaine juif, accusé de haute trahison, dégradé dans la cour de l’école militaire et déporté sur l’île du Diable, à des milliers de kilomètres, dans des conditions épouvantables.
À ce moment-là, Clemenceau a repris son activité de journaliste, car un échec électoral l’a contraint à se mettre en retrait de la vie politique, mais il ne navigue jamais bien loin de ses rivages.
Il faut dire que Clemenceau, deux ans avant l’Affaire Dreyfus, a lui-même été éclaboussé par une grande campagne de calomnie dans le scandale de Panama. Des députés hostiles avaient monté en épingle une cabale, l'accusant d’avoir touché des pots de vin, allant même jusqu'à inventer de fausses preuves. Clemenceau a été blanchi, mais la calomnie, toujours tenace, entache sa réputation.
Alors, quand l’Affaire Dreyfus éclate, il sait ce que signifie que d’être le bouc émissaire d’une meute. Clemenceau se range du côté des dreyfusards et se jette dans la mêlée. Il ouvre les colonnes de son journal L’Aurore à un grand écrivain engagé, Émile Zola.
Zola écrit une célèbre tribune qui défend l’innocence Dreyfus, avec pour titre initial : Lettre à M. Félix Faure Président de la République. Clemenceau trouve ça un peu mou du genou… "Non, dit-il, il faut un titre qui soit un cri pour la rue. Une déclaration de guerre." Et c’est le Tigre en personne, plus éloquent que jamais, qui trouve le titre définitif, entré dans la légende : J’accuse ! publié le 13 janvier 1898. En 1906, le capitaine Dreyfus est innocenté et réhabilité officiellement grâce à un arrêt de la Cour de Cassation.
À l’orée du XXe siècle, revigoré par l'Affaire Dreyfus, Clemenceau se remet en selle et s’engage dans tous les grands combats politiques dont la loi de 1905 qui marque la séparation de l’Église et de l’État. Alors qu’elle ne visait que les congrégations religieuses non autorisées, Clemenceau, anticlérical jusqu'au bout des ongles, réclame la "suppression pure et simple au nom de la liberté" des "congrégations religieuses".
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