Marie Curie : pourquoi sa liaison avec Paul Langevin a failli lui coûter sa carrière

Depuis la mort de son époux Pierre Curie en 1906, Marie n’a pas refait sa vie, mais elle a une liaison secrète avec un physicien très connu à l’époque : Paul Langevin. C'est un ancien élève de feu son mari, qui est en instance de divorce avec son épouse. Tous les deux échangent des lettres passionnées et louent un deux-pièces près de la Sorbonne pour se retrouver. Marie espère que son amant va se séparer de sa femme pour vivre avec elle. Elle ne dit rien de cette relation, mais son entourage ne met pas longtemps avant de se rendre compte que quelque chose a changé dans la vie de la physicienne.

C'est finalement la femme de Paul Langevin qui finit par découvrir le pot aux roses. Furieuse, elle menace de tout révéler à la presse. Paul jure alors à son épouse qu’il ne reverra plus Marie… Une promesse non tenue. Ils continuent d’échanger des lettres et l’épouse de Paul Langevin met sa menace à exécution : elle subtilise des courriers d’amour échangés entre les deux amants et les envoie à la presse. 

Fin 1911, le quotidien Le Journal dégaine le premier avec un article intitulé : "Une histoire d’amour : madame Curie et le professeur Langevin". Tout le monde se presse aux kiosques pour en savoir plus et le scandale éclate. Toute la presse en parle, surtout les titres conservateurs et xénophobes, avec la publication de larges extraits de leur correspondance. 

La liaison "scandaleuse"

Dans des éditos, Marie Curie est traitée d’étrangère, de Polonaise, de métèque briseuse d’un couple de bons Français, et qui a humilié une mère de quatre enfants. Pour beaucoup, la veuve Curie cache bien son jeu depuis la mort de son mari : celle qui veut se faire passer pour une femme éplorée et endeuillée sous ses airs de sainte nitouche, serait en réalité une redoutable croqueuse d’hommes !

Heureusement, elle peut tout de même compter sur un soutien de poids : celui de l’autre physicien star de l’époque, Albert Einstein, qu’elle a rencontré peu de temps auparavant. Mais la campagne de presse se poursuit. Le scandale devient une affaire d’Etat. Au Conseil des ministres, l’hypothèse d’expulser Marie Curie du territoire français est sur la table, elle qui a pourtant tout donné pour la science et a permis à la France de briller dans le monde.

Dans cette tempête qui la dépasse complètement, Marie apprend par télégramme qu’elle vient de remporter à nouveau le prix Nobel, cette fois de chimie grâce à ses découvertes sur le polonium et le radium. Jamais personne n’a reçu deux fois le Nobel et puis, contrairement au premier, elle n’a pas à le partager avec un autre scientifique. Pourtant, la presse n’en dit pas un mot. Le prix Nobel de Marie Curie est moins vendeur que son aventure avec Paul Langevin. 

Un deuxième prix Nobel qui passe inaperçu

L’académie Nobel elle-même lui conseille de ne pas venir à Stockholm récupérer sa récompense pour ne pas salir la réputation du prix. Cette fois, c’en est trop pour Marie ! Hors de question de continuer à se cacher et de donner raison à ceux qui la traînent dans la boue. Elle décide d’aller à Stockholm et de récupérer son prix Nobel. 

Les journaux mettront du temps à lui rendre sa tranquillité et c'est Paul Langevin qui va mettre fin au scandale. Il décide de revenir auprès de son épouse et il abandonne définitivement Marie, qui paie cher cet épisode. D’autant qu’elle souffre d’une grave maladie rénale et doit être opérée, l’obligeant à s’éloigner des laboratoires pendant un certain temps. Au risque de décevoir les friands de belles histoires d’amour, Marie n’aura plus jamais d’homme dans sa vie, ni mari, ni amant.

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