Joseph Fouché : qui était cet homme qui a trahi Napoléon ?

Joseph Fouché a été l’homme le mieux informé d’Europe, mais aussi le plus craint à la fin du XVIIème siècle. Opportuniste, il a traversé les régimes politiques les uns après les autres, trahissant et complotant dans le dos de ses supérieurs. Malgré son manque de loyauté, ce dernier arrivait toujours à être rappelé au pouvoir. Un tort répété par Napoléon Bonaparte, qui a eu foi en cet homme machiavélique qui aura toujours un coup d'avance sur l'Empereur...

Dès 1799, Joseph Fouché, alors ministre de la police, est doté d'un flair hors pairs et sent venir l'arrivée de Napoléon. À cette époque, la France est dans un état lamentable. L’immoralité règne dans toutes les classes de la société. Les impôts ne rentrent plus dans les caisses et l’argent s’égare dans les poches gouvernementales. L’insécurité règne autant en province qu’à Paris. Les armées marquent le pas dans l’est du pays et, dans l’ouest, les Chouans marquent des points. On cherche alors un général qui pourrait remettre de l’ordre dans une révolution finissante qui n’intéresse plus personne. On mise alors sur un certain Bonaparte, qui a laissé tomber son armée en Egypte pour venir tenter sa chance en France. 

Fouché, roi du double-jeu, mise sur Napoléon et fait semblant de ne rien voir venir, lorsque le coup d’Etat du 18 brumaire se prépare. Bonaparte s’empare de justesse des rênes du pays et devient Premier Consul. Le 20 brumaire, soit le 11 novembre 1799, les consuls Bonaparte, Sieyès et Ducos installent au Luxembourg le Consulat, qui est le nouveau gouvernement de la République. Certains ministres partent, d’autres restent. Bien entendu, plus puissant que jamais, Fouché reste à son poste. Il le restera dix ans, faisant les beaux jours de l’Empire napoléonien.

Mieux encore, Joseph Fouché ne recule devant rien pour plaire à Napoléon. À l’occasion de l’attentat de la rue Saint-Nicaise, le ministre s'accorde définitivement les faveurs de l'Empereur. Le 24 décembre 1800, Napoléon et Joséphine Bonaparte se rendent à l’Opéra. Soudain, dans le quartier du Palais-Royal retentit une gigantesque explosion. Le Premier Consul et sa femme manquent de périr. Bonaparte exige des résultats qui ne viennent pas. C’est alors qu’Henry, l’un des policiers de Fouché, a une idée géniale : faire publier le signalement exact de la jument qui tirait la charrette remplie de poudre. On reconnaît l’animal, on identifie son acheteur qui est arrêté 25 jours après l’attentat ! Grand triomphe pour Fouché et son équipe.

La traîtrise de Fouché

Napoléon place alors sa confiance en Fouché. En 1808, il est fait comte d’Empire, puis devient duc d’Otrante en 1809. Napoléon, qui est presque toujours sur un champ de bataille, lui confie les rênes de l’Empire. Une lourde erreur car ne dit-on pas : traître un jour, traître toujours...et Fouché fait fort ! Il négocie des accords diplomatiques dans le dos de Napoléon. L’Empereur est fou de rage, mais réagit avec panache. Il annonce la destitution de Fouché et son remplacement par le général Savary. 

"Me laisserez-vous un peu de temps pour trier mes archives avant de vous remettre les clés de mon ministère ?", demande Fouché à Savary. Ce dernier, de bonne grâce, accepte et s’en mordra les doigts. Fouché profite du temps accordé pour faire brûler à peu près tout ce qui aurait pu être utile à son successeur. C’est dans un ministère vidé de toute information importante que s’installe Savary pendant que Fouché se retire paisiblement dans son magnifique château de Ferrières, en banlieue parisienne. Informé de la destruction des archives de la Police, Napoléon s’emporte et exile Fouché. Le ministre déchu part se faire oublier quelques mois en Italie et revient à Aix jouir de sa sénatorerie, une sorte de rente financière juteuse annexée au titre de sénateur, que Napoléon lui avait offert quelques années plus tôt.