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Tribune (image d'illustration)
Crédit : markus-spiske/unsplash
Aujourd’hui, on parle de féminin, et de féminisation de la langue française, avec une intéressante question de Chloé, qui se demande pourquoi le féminin de tribun… c’est tribune. "En gros, pourquoi une femme ne peut-elle pas être un tribun ?, s’interroge-t-elle. Quand on féminise le nom tribun, cela devient un objet. Une tribune dans un journal, par exemple…" ou même une tribune de stade !
C’est vrai. J’imagine que la question de Chloé est inspirée par l’actualité politique, parce que ce sont souvent des hommes politiques que l’on qualifie de tribuns. En fait, tribun est un mot de la famille de tribu. Avant de désigner un “orateur populaire, à l’éloquence directe et puissante”, comme le définit le Petit Larousse, le tribun était, dans l’Antiquité, un “magistrat chargé de l’administration d’une tribu” romaine.
Mais alors, comment appeler une femme qui est un tribun ? Eh bien… exactement comme je viens de le faire. Contrairement à ce qu’imagine spontanément Chloé, une femme peut tout à fait être un tribun. On peut dire “cette femme est un tribun exceptionnel”.
Il est vrai que, depuis une dizaine d’années, on féminise énormément de noms de métiers et de fonctions. On disait “cette femme est un auteur”, on dit maintenant “cette femme est une autrice” (ou “une auteure”) ; on disait “madame LE ministre et madame LE maire”, on dit “madame LA ministre et madame LA maire”.
Et en effet, le linguiste Bernard Cerquiglini l’a fait remarquer habilement en titrant ainsi un ouvrage sur le sujet, dire “LE ministre est enceintE” serait tout bonnement ridicule. Par conséquent, si tribun était aussi utilisé que les mots ministre ou auteur, l’usage l’aurait probablement déjà féminisé et l’on dirait peut-être “une tribun” ou même “une tribune” !
Cela vous semble trop bizarre ? Vous savez, une ministre, ça semblait très bizarre, et puis on s’est habitués. On parle maintenant d’une chauffeuse de bus ou de poids lourd, alors qu’avant on se disait que, la chauffeuse étant un petit fauteuil, il n’était pas possible d’utiliser ce féminin. Et puis voilà, c’est fait, et personne ne s’y trompe. De même que, dans l’autre sens, personne ne confond l’avocat fruit de l’avocatier et l’avocat en robe noire à la cour – pourtant, c’est le même mot.
Il y a quantité de termes en français qui ont plusieurs sens, et ça ne pose guère de problèmes. Si vous dites “Je voudrais une crème contre les boutons”, il y a peu de chances qu’il s’agisse de boutons de porte, de boutons de culotte, ou de boutons de rose.
Alors, faut-il tout féminiser ? J’ai entendu un jour à la radio évoquer “la bras droite” d’un grand personnage. Là, il ne faut pas abuser. De même qu’une femme peut être UN tribun, elle peut être LE bras droit de quelqu’un. D’ailleurs, on ne masculinise par tous les noms qui s’appliquent aux hommes : de même qu’une femme peut-être le bras droit de quelqu’un, ou un bourreau (de travail, par exemple !), un homme peut être une victime, une fripouille, une canaille, une grande personnalité, une nouvelle recrue, une andouille, une grande plume, etc.
Il n’en reste pas moins que, la langue nous appartenant à tous, si les femmes ont vraiment envie de se faire appeler tribunes… il ne tient qu’à elles de se manifester (et en tribune, pourquoi pas !).
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