Des inondations terribles ont frappé le nord de la France et en particulier la région de Saint-Omer. Cette zone comporte une spécificité qui explique la tragédie qu’elle vient de vivre : c’est un territoire qui a été gagné sur la mer, actuellement situé sur le delta d’un fleuve, l’AA. Son estuaire s’est en partie asséché quand la mer s’est retirée durant l’Antiquité pour former une plaine marécageuse allant jusqu’à Saint-Omer.
Au Moyen-Âge, les hommes ont commencé à vouloir s’installer dans cette zone un peu floue entre la terre et la mer. Pendant très longtemps d’ailleurs, ils le feront à leur risque et périls, car la mer reprenait souvent ses droits en noyant les marais. Ajoutez à cela que la zone est particulièrement basse et plate, et a donc du mal à évacuer aussi les eaux de pluie, vous vous retrouvez donc avec un double problème : les eaux venues de la mer et les eaux venues du ciel.
Mais pourquoi alors venir s’installer dans ces zones inhospitalières si capricieuses ? Ces zones reculées et farouches offraient aux hommes une certaine paix et finalement une protection. Par exemple, la ville de Saint-Omer a été fondée au milieu de ces marais sur une petite colline autour d’un monastère, et a ainsi pu échapper aux invasions des Vikings parce que les marécages formaient un rempart infranchissable.
À partir du Moyen Âge, les hommes ont pris leur destin en main et ont fini par dompter les caprices des eaux. Les moines en particulier ont commencé à creuser des canaux, des digues, des fossés pour assécher les marécages et créer des cultures, des maraîchages et ainsi développer une économie florissante qui a fait la fortune des habitants de la région. Ainsi, l’eau si terrifiante devenait doublement bienfaitrice : elle protégeait les habitants en temps de guerre et permettait le développement économique en temps de paix.
Il a fallu des siècles pour mettre définitivement hors de danger la population sur ce vaste territoire qui, au-delà de Saint-Omer, va de Calais à Gravelines. Des kilomètres de digues étaient souvent endommagées, abimées à cause d'une nuit de tempête ou d'une marée d’équinoxe qui pouvait ruiner des années de travaux. Il fallait à chaque fois désenvaser les fossés et les canaux pour qu’ils restent opérationnels, en permettant aux eaux de pluie de s’évacuer vers la mer ou vers les marais. Avec les progrès industriels et scientifiques, des pompes de plus en plus puissantes sont venues renforcer ce système de drainage.
Mais malgré tous ces progrès, ce qui s’est passé récemment nous rappelle que ce territoire reste un milieu fragile et qu’à tout moment la nature peut reprendre ses droits. Avec les tempêtes Ciaran et Domingos, ce sont des cumuls de pluies inouïs qui se sont abattus sur l’Audomarois. Le marais autour de Saint-Omer, qui cumule 3 700 hectares, est plus grand que la ville de Lille. Ce marais qui était censé recevoir le trop-plein, s’est rempli et comme aux temps jadis, l’eau à tout recouvert jusqu’au pied de la colline de Saint-Omer.
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