En cette fin d'année 2023, Ridley Scott s'apprête à sortir au cinéma un des projets des plus attendus : Napoléon. Le film revient sur la jeunesse de l'Empereur mais aussi sur son ascension fulgurante. Napoléon est une star de l’Histoire de France, et très tôt, il a veillé à entretenir sa légende. Lors de sa première grande campagne, celle d’Italie, où il commande l’armée française contre les Autrichiens, il tient un journal où il raconte ses exploits militaires. Et au fil des pages, on comprend qu'il ne se prend pas pour n'importe qui.
Il écrit par exemple : "Bonaparte vole comme l'éclair et frappe comme la foudre. Il est partout et il voit tout". À Paris, des extraits de ce journal sont publiés dans la presse et la popularité de Napoléon explose ! Pour être admiré, il n’hésite pas à travestir la réalité. Des peintures glorifient d'ailleurs sa victoire en Italie. À l’époque, l'art est l’outil numéro 1 pour se mettre en scène et s’inventer une vie. Lorsqu’il est nommé premier consul, Napoléon commande alors une peinture à son artiste préféré, David. Une peinture qui le montre à cheval en train de franchir le col du saint-bernard dans les Alpes.
Il rayonne ainsi en héros romantique sur son tableau, mais en réalité, c’est à dos de mulet que l'Empereur a franchi le col. Ce dernier était un très mauvais cavalier. As de la com, Napoléon arrive à transformer les défaites en victoires. Toujours en Italie, un tableau le représente traversant le pont d’Arcole, victorieux. La vérité est toute autre. Bonaparte s'est planté dans un marais, complètement envasé, il manque même de se noyer. La campagne d’Egypte qui suit celle d’Italie, est une défaite militaire cuisante. Pourtant, Napoléon décide de mettre en avant la réussite de l’expédition sur le plan scientifique.
Devenu empereur en 1804, Bonaparte soigne plus que jamais son image. Sa tête est partout : sur des gravures, des cartes postales, des pièces de monnaie ou bien encore des assiettes. Des bustes sont sculptés en série et installés dans les préfectures. Sur la place Vendôme à Paris, Napoléon fait dresser une statue de lui à 44 mètres de haut sur une colonne pour célébrer sa victoire à Austerlitz. Le tableau de son sacre en tant qu’empereur, toujours peint par David, est une toile immense. Il n'hésite pas à mettre Jules César dans la tribune ! Tous les portraits officiels de lui sont parfaits, on en oublie alors qu’il a du ventre, qu’il perd ses cheveux et qu’il ne mesure qu'un mètre 68.
Après la défaite de Waterloo, et même exilé à l’autre bout du monde sur l’île de Sainte-Hélène, Napoléon continue à travailler sa communication. Cette fois-ci pour bâtir sa légende. Pour cela, il se fait interviewer par le comte de Las Cases qui l’a suivi dans son exil. Il lui raconte alors toute sa vie, en se donnant à chaque fois le beau rôle. Parues après sa mort, les mémoires de Napoléon font un tabac et redorent l’image de l’Empereur. En roi de la communication qu’il a été, Bonaparte a bien préparé sa sortie pour que l’Histoire ne l’oublie jamais.
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