Participe passé : doit-on écrire "elle s'est demandé" ou "elle s'est demandée" ?

La langue française est mondialement connue pour sa complexité. Expressions biscornues, lettres muettes… Ne pas faire de fautes d'orthographe est un défi quotidien. Bien souvent, le diable de l’orthographe française se niche dans ces détails de lettres que vous n'entendez pas.   

Est-ce que ce mot a besoin d'un "n" ou deux, d'un double "t" ? Fréquemment, le doute plane concernant le "e" final. Prenons pour exemple, un mail de la part d'une amie. Cette dernière a écrit "je me suis demandée s'il allait pleuvoir". Cependant, l'écriture correcte est "je me suis demandé". Même si vous êtes une femme, il n'y a pas de "e" ajouté. 

Erreur très fréquente, elle fait partie des difficultés d'emploi du participe passé. Devenez incollable sur l'accord des verbes en utilisant quelques astuces simples. 

Le piège du participe passé des verbes pronominaux

Le verbe être s'accorde avec le sujet de la phrase. En revanche, avec le verbe avoir, il faut faire un accord avec le complément d'objet direct, COD. Si vous ne savez pas à quoi il correspond, n'ayez crainte, il suffit de se poser la question qui et quoi. Par ailleurs, l'accord ne se fait que si le COD est placé avant le verbe. 
 
Il faut cependant se méfier comme de la peste des verbes appelés "pronominaux". Pour les repérer, rappelez-vous qu'ils se constituent avec un pronom.  Quand vous voyez un verbe pronominal avec un participe passé, le gyrophare doit se mettre à clignoter en rouge dans votre cervelle : attention, danger. En effet, ces farceurs de verbes pronominaux s’accordent avec être comme les autres le font avec avoir, c’est-à-dire avec le complément d’objet direct, s’il y en a un, et seulement s’il est placé avant eux… Autrement, ils restent invariables.

Elle s'est demandé : toujours é !

Prenons le verbe pronominal s’asseoir, par exemple. "Elle s’est assis… ou assise" ? "Elle s’est assise", bien sûr, vous accordez. Elle a assis qui ? : elle-même, représentée par le pronom personnel "se" (ici “s’”), qui donc est le COD et se trouve avant le participe. De ce fait, il faut l'accorder. 

En revanche, retournons sur l'exemple de mon amie. "Je me suis demandé/e si la pluie allait s’arrêter", il est possible de dire de la même façon : "elle s’est demandé/e si la pluie allait s’arrêter", elle a demandé à qui ? : ici le "s" est complément d’objet indirect, puisqu’il répond non pas à la question "qui ?" mais "à qui ?"  

En somme, "elle s’est demandé", est toujours avec "é". Certains cas extrêmement tirés par les cheveux peuvent être trouvés dans lesquels l'accord serait nécessaire. Cependant, il faudrait pour cela que le "s" soit complément d’objet direct, donc qu’elle se soit demandée elle-même au téléphone. "Elle a téléphoné à l’accueil de son entreprise, pour rigoler, elle s’est demandée au téléphone." "s’", est ici le complément d’objet direct.  

Reconnaissons que le cas de la personne qui téléphone en se demandant elle-même est assez improbable. Il est alors possible d'affirmer : elle s’est demandé, toujours "é". Et d’ailleurs, encore mieux : je me suis demandé, tu t’es demandé, il ou elle s’est demandé, nous nous sommes demandé, vous vous êtes demandé, ils se sont demandé, elles se sont demandé : é-é-é-é-é-é-é é partout. Bref, c’est simple : ne vous demandez plus rien, le participe passé avec se demander c’est “demandé” à tous les coups !