Affaire Farewell : pourquoi l’espion soviétique Vladimir Vetrov a-t-il trahi le KGB ?

L’histoire de Vladimir Vetrov débute dans les années 1960, lorsque ce dernier décide de rejoindre les services secrets soviétiques, le fameux KGB. Vladimir Vetrov est alors ingénieur, spécialiste de l’électronique et voit une opportunité de servir sa patrie tout en bénéficiant d’une carrière prestigieuse. 

Vetrov est envoyé en mission en France pour recueillir des informations sur les avancées des pays de l’Ouest, en matière de nouvelles technologies. Il débarque à Paris en 1965 avec sa femme, Svetlana. Officiellement, il est commercial auprès de l’ambassade soviétique. Officieusement, son travail consiste à établir des relations avec des scientifiques de l'Hexagone. 

Rapidement, Vetrov se laisse séduire par la vie parisienne. Contrairement aux autres expatriés soviétiques qui mènent une vie rangée et discrète, Vetrov profite des brasseries, des boîtes de nuit, des bars… Paris est une fête ! Mais un accident de la route lors d'une soirée un peu trop arrosée, avec la voiture de l’ambassade, va précipiter son retour au pays.

En se liant d'amitié avec Jacques Prévost, dirigeant de Thomson en charge des relations avec l'URSS, et en lui demandant de l'aide pour camoufler l'accident, Vetrov se met à dos le KGB. Après cinq ans dans la capitale, il reçoit l'ordre de retourner à Moscou. La fête est terminée à Paris ! C’est un coup dur...

De retour chez lui, sa vie étriquée à Moscou est insupportable. Il vit dans un modeste appartement, gagne peu d'argent... Ses collègues grimpent les échelons de la hiérarchie, non pas en raison de leurs compétences, mais par arrangements et corruption. Vetrov se sent vite déçu par le système soviétique.

L’espion qui a servi la France durant la Guerre froide

C'est grâce à une série de connexions personnelles et professionnelles, il reprend alors contact Jacques Prévost. Ce dernier averti aussitôt ses supérieurs dans les services français. Ces derniers lui demandent de ne pas intervenir et proposent à son supérieur Xavier Amiel, qui habite à Moscou et connaît parfaitement les affaires soviétiques, de prendre le relais. Amiel rencontre Vetrov et lui propose de l’aider à passer à l’Ouest. Mais contre toute attente, il refuse. Il veut faire mieux ! Il tend un dossier de 200 pages à Amiel en lui disant : "Vos supérieurs sauront quoi en faire".

Vladimir Vetrov change alors de cap et se lance dans le contre-espionnage. Sous le nom de code Farewell (nom choisi en raison de sa consonance anglo-saxonne, qui brouillerait les pistes en cas de problème), Vetrov transmettra près de 3.000 documents aux autorités françaises. À l'intérieur, non seulement les stratégies du KGB en matière de technologie, mais aussi l'identité de nombreux agents soviétiques infiltrés. Une véritable mine d’or pour l’Occident. 
 
Mais c'est le président de l'époque, François Mitterrand, qui va entrainer la chute de l'espion Vetrov. Ayant découvert que le KGB espionnait l'ambassade française à Moscou depuis sept ans, le président souhaite réaffirmer la position de la France. Il prend alors une décision exceptionnelle en expulsant 47 représentants soviétiques accusés d'espionnage. Sous les yeux du monde entier, ils quittent le sol français à bord de la compagnie soviétique Aeroflot. 

La décision de François Mitterrand scelle le destin tragique de Vladimir Vetrov. Le KGB lance immédiatement une enquête interne pour débusquer la taupe. Finalement, Vetrov est arrêté par le régime soviétique. Le 14 décembre 1984, il est exécuté d'une balle dans la nuque à la prison de Lefortovo à Moscou.