Comment la contre-offensive ukrainienne en Russie est-elle abordée par les médias russes ?

Les communications officielles et les relais médiatiques russes minorent la contre-offensive ukrainienne, insistant notamment sur la fibre patriotique.

Un char ukrainien à la frontière russe.

Crédit : Roman PILIPEY / AFP

RTL ÉVÉNEMENT - La contre-offensive ukrainienne vue par les médias russes

00:09:03

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Voilà un peu plus d'une semaine que l'armée de Kiev a surpris tout le monde - les Russes d'abord - en franchissant la frontière et en attaquant la région de Koursk, zone frontalière de l'Ukraine.

Les troupes de Volodymyr Zelensky multiplient depuis les annonces de terrains conquis et de kilomètres gagnés sur le terrain ennemi. Un événement qui ne laisse évidemment pas indifférente la population russe.

En Russie, cette incursion fait la Une des journaux télés. Difficile de passer sous silence une incursion étrangère sur le sol russe. Pour parler de l'Ukraine, les présentateurs ressortent leurs qualificatifs préférés. "Dans la région de Koursk, 4 missiles tactiques et 37 drones néo-nazis ont été abattus", souligne par exemple ce présentateur.

Lors de son show quotidien, Vladimir Soloviev, propagandiste en chef de la chaîne Rossiya 1, désigne ceux qu'ils considèrent comme les vrais instigateurs de cette attaque. "Quand les pays occidentaux disent ouvertement qu'ils n'ont rien à voir avec cette attaque, c'est un mensonge. Il est clair que cette opération n'a pas été montée par Zelensky ou son état-major, mais par des spécialistes de l'OTAN. Beaucoup de mercenaires y participent. C'est une opération militaire bien préparée et l'objectif de Kiev est de déstabiliser notre pays."

Une progression ukrainienne quasi sous silence

Si l'Ukraine a conquis en un peu plus d'une semaine environ 1.000 km2, les médias russes ne rendent pas vraiment compte de cette progression. Peu de chiffres, peu de cartes, la télé russe préfère glorifier son armée. "Nos renforts qui sont arrivés sur place commencent à repousser l'ennemi au-delà de la frontière russe. Notre aviation est très efficace." Ponctuant ses commentaires de longues litanies : matériel ennemi détruit, soldats ukrainiens tués ou capturés... "Les troupes russes ont repoussé six attaques et empêché la percée des soldats ukrainiens. Deux groupes de saboteurs ont été anéantis. En une journée, 270 combattants ont été tués et 18 ont été capturés."

Dans une interview, le commandant des forces spéciales Akhmat, le général Alaudinov, évoque un échec cuisant des forces de Kiev qui auraient pu prendre la centrale nucléaire de Koursk le 11 août dernier. "Aujourd'hui, nous sommes le 14 août. Et je veux dire, mes amis, que la guerre éclair de Zelensky, qui devait aboutir à la prise de la centrale nucléaire de Koursk et un ultimatum lancé à Moscou, a échoué."

Mais le téléspectateur russe ne sait pas que cette incursion ukrainienne est la plus grande offensive d'une armée étrangère sur le territoire russe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Caresser la fibre patriotique

Aussi, la télé russe insiste sur la générosité, la mobilisation des autres régions, montrant des reportages en direct depuis des centres d'acheminement d'aide humanitaire. "Des centaines de tonnes d'aides humanitaires arrivent de toute la Russie. Elles sont envoyées par des particuliers mais aussi par des organisations. On distribue de tout : des produits alimentaires par kit de dix kilos pour nourrir une personne pendant cinq ou six jours. Il y a aussi des draps, des matelas. L'organisation est vraiment formidable grâce aux bénévoles qui sont là."

Avec les témoignages reconnaissants des civils évacués. "C'est tout simplement effrayant ce qui se passe là-bas. Je n'aurais jamais pensé vivre ça. Voyager en bus avec ma grand-mère. Elle a 90 ans et elle a connu la Grande Guerre patriotique. Heureusement, ici, les gens sont vraiment formidables", confie une femme russe.

Sans oublier de caresser la fibre patriotique. Selon la télé russe, les volontaires se pressent pour défendre leur pays. "Avec les événements de Koursk, beaucoup de volontaires ont décidé de s'engager. Ils sont tellement nombreux que les points de recrutement sont ouverts 24h24."

S'ensuivent plusieurs témoignages de civils prêts à partir au front. "Ça m'a profondément touché qu'ils envahissent notre pays. C'est pour ça que j'ai décidé de m'engager", lance notamment cet homme. Mais pas la moindre image de cette colonne de soldats russes qui s'est rendue à l'armée ukrainienne.

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