La bonne nouvelle que l’on
peut retenir de l’allocution du président Macron, c’est l’annonce de la
réouverture des librairies dès samedi. Même si je reste triste pour les
restaurateurs, dont certains sont dans l’extrême difficulté. Avec la réouverture des
librairies, ce sera aussi le retour des
prix littéraires. Dans quelques jours, le 30 novembre exactement, et en décalé, le
plus célèbre des prix, le Goncourt, sera remis puisque le jury avait décidé
d’attendre l’ouverture des librairies pour soutenir ce commerce "non
essentiel" aux yeux de certains.
D’autres prix comme le
Renaudot ou l’Interallié ont été également repoussés. Mais revenons au Goncourt,
il reste donc quatre romans en lice.
Les impatientes de
Diaïti Amadou Amal (Emmanuelle Collas)
L’anomalie de
Hervé Le Tellier (Gallimard)
L’historiographie
du royaume de Maël Renouard (Grasset)
Thésée, sa vie
nouvelle de Camille de Toledo (Verdier)
Pour la première fois, hormis période de guerre, la
délibération et la remise du prix ne se feront pas chez Drouant comme le veut
la coutume. Il faut y avoir été pour se rendre compte de cette indescriptible
cohue. Cette fois non, ce sera une première, les membres de l’académie (qui
sont bénévoles je le rappelle) se réuniront via Zoom.
Ce sera également le Premier
Goncourt du nouveau président Didier Decoin, un rôle pas facile à tenir après
Bernard Pivot. Alors on
retient son souffle en attendant de savoir qui remportera le prix et le chèque
de … dix euros. Bien sûr, ce n’est pas cela qui compte mais les 400.000 ventes
qui suivront derrière.
Mais ce qui semble étonnant c’est comment le prix Goncourt est devenu le prix le plus prestigieux, connu dans le monde entier, alors qu’il a été créé par Edmond de Goncourt qui avait très, très mauvaise réputation ! Ils étaient deux frères inséparables, en réalité, mais l’Académie et le prix figuraient dans le testament d’Edmond en 1896, Jules étant mort depuis 1870. Les deux avaient autant mauvaise réputation l’un que l’autre. D’ailleurs un livre formidable leur a été consacré cette année : Les infréquentables frères Goncourt, de Pierre Ménard, aux éditions Taillandier.
Imaginez deux frères
fusionnels, jusqu’ici, tout va bien. Ils se disent artistes, écrivent à quatre
mains des romans, cosignent un journal et font absolument tout ensemble. Ils se
faisaient passer pour des frères jumeaux alors qu’ils avaient huit ans d’écart et
fonctionnaient comme un couple. Ils prétendaient n’avoir qu’une seule âme tout
en étant très différents. En attendant, ils partageaient la même femme !
Ils étaient aussi très
réactionnaires, se positionnaient contre tout ce qui ressemblait au progrès, y
compris pour l’éducation des enfants ! Les deux frères étaient opposés
également au téléphone et à la bicyclette et contre la démocratie.
Ca fait beaucoup, mais ce
n’est pas tout. Ces deux là ont vécu au XIXème siècle mais étaient fascinés par
le 18ème, donc passéistes. Et ils étaient également misogynes, homophobes et
antisémites ! Ils avaient la haine du journalisme. Leur premier roman est
vendu à 64 exemplaires ! Ils n’auront jamais vraiment de succès.
Mais voilà ils étaient
excentriques et ils ont voulu qu’après leur mort, tous leurs biens et
collections soient vendus pour créer le fameux prix Goncourt. Le premier prix
sera remis en 1903 à John-Antoine Nau pour Force ennemie. C’est
le prix le plus ancien, à l’époque le seul doté financièrement et leur réputation
sulfureuse n’empêche pas la qualité des livres primés ! C’est ça, le
paradoxe Goncourt.
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