Depuis des mois, on assiste au désespoir d’un certain nombre de professions, de commerçants mais je voudrais vous parler, ce soir, de celui des restaurateurs en général et des étoilés en particulier. Il n’y a pas que Paris bien sûr, mais c’est tout de même là qu’il y a une concentration de tables étoilées. On trouve près de 6.000 restaurants à Paris dont 92 étoilés. Pour un total de 628 estampillés "Guide Michelin" en France.
représentent l’excellence française et cette magie-là ne se commande pas sur Amazon ni ailleurs. Il y a la magie du lieu, la magie du service et bien sûr la magie du goût. Comme tous les commerces non essentiels, ils ont dû fermer pendant les deux mois de confinement. Ils se sont ensuite pliés aux mesures drastiques pour s’adapter aux contraintes sanitaires, ont écarté les tables les unes des autres. Ils ont ainsi réduit la clientèle et divisé la recette par deux et parfois davantage. Mais ils ont attendu les clients : pas de repas d’affaires ou si peu. Pas de touristes ou si peu. Beaucoup se sont demandé s’ils n’allaient pas mettre la clé sous la porte et le couvre-feu a été une nouvelle épreuve.
Pourtant, la plupart des grands chefs a essayé de s’adapter. Le chef Yannick Franques a proposé, à la célèbre Tour d’argent, un dîner à 17h30. Mais avez-vous essayé de déguster à l’heure du thé un foie gras des Trois empereurs servi avec une brioche tiède ? Et à l’heure où je vous parle de rares clients sont en train de se régaler d’une araignée parfumée à la citronnelle et à la coriandre au beurre coraillé. Ça, c’était avant l’hypothèse d’un reconfinement s’il est confirmé.
Désormais, ces restaurateurs parlent de mise à mort. Ce week-end, 73 grands chefs ont signé une tribune d’appel à l’aide intitulée : "Pour se réinventer, il faut pouvoir survivre". Ils demandent à être reçus à l’Élysée. Parmi eux Guy Savoy, Hélène Darroze, Philippe Etchebest, Eric Fréchon pour ne citer qu’eux. Ils écrivent : "Nous avons besoin de visibilité et de clarté, pas seulement de l’espoir de jours meilleurs". C’est désormais le brouillard total. Ces grands chefs demandent également une rallonge d’aides financières.
C’est vrai qu’il y a déjà beaucoup d'aides mais on est loin du compte pour les grandes maisons. Il reste l’épineuse question des loyers qui peuvent aller jusqu’à 60.000 euros dans les lieux prestigieux. Autre question sensible : l’accumulation des congés payés qui deviendra une "bombe à retardement" comme l’a concédé Bruno Le Maire. Tous n’ont pas eu accès au PGE, et de nombreuses faillites ne seront pas évitées.
C’est toute une chaîne qui est touchée et derrière eux, les producteurs français. "Nous sommes inquiets pour l’ensemble de notre écosystème, nos agriculteurs, nos vignerons qui se retrouvent sans débouchés. Nous sommes Inquiets pour une filière qui peine déjà à recruter, pour les jeunes incapables de rembourser les sommes investies", écrivent-ils encore. Bref c’est toute l’excellence française qui est touchée et cette fois-ci coulée.