Ray-Ban, Meta, Apple... Pourquoi on entend de plus en plus parler des lunettes connectées ?

Les lunettes connectées vont-elles finir par remplacer nos smartphones ? C'es en tout cas l'objectif visé par tous les géants de la tech. Ce n’est pas une idée neuve, Microsoft, avec son casque Hololens, ou Google, avec ses Google Glass, avaient déjà tenté l’aventure ces dernières années. L’idée était simple : proposer un appareil qu’on porte sur soi, qui libère les mains et qui affiches des infos utiles, ludiques ou professionnelles. Mais à l’époque, ces appareils étaient trop encombrants, trop visibles ou pas assez confortables. Résultat : ils n’ont jamais trouvé leur public. Même Apple avec son très abouti casque Vision Pro s’est heurté à cette limite récemment.

Mais dix ans plus tard, les choses ont commencé à changer. Les progrès de l’intelligence artificielle, notamment, ont redonné vie à ce rêve. Pour les grandes marques, les lunettes connectées sont la suite logique du smartphone. Elles offrent une façon plus naturelle d’interagir avec une intelligence artificielle que les ordinateurs, les enceintes et les smartphones. Les lunettes voient ce qu’on voit, on peut leur parler, elles nous répondent, et surtout : elles sont toujours avec nous.

Aujourd’hui, Apple, Google, Meta, Snapchat, mais aussi des marques chinoises comme Xiaomi, Oppo ou TCL s’y mettent à fond. Même les grands noms de l’optique s’y intéressent. Et ce qui les motive, c’est un succès bien réel : celui des lunettes Ray-Ban Meta, lancées l’an dernier, et déjà vendues à plus de 2 millions d’exemplaires.

Des lunettes qui placent l'IA au carrefour de nos usages connectés

Meta a bien compris le potentiel de ces objets pour asseoir sa domination dans les réseaux sociaux. La marque a aussi saisi l’importance de commencer par une formule simple, avec un accessoire de mode qu’on a envie de porter, mais aussi des usages du quotidien qu’on adopte vite.

Les fonctions des Ray Ban Meta sont pour le moins basiques : prendre une photo ou une vidéo sans sortir son téléphone, écouter de la musique, passer un appel juste avec la voix ou publier quelque chose sur les réseaux sociaux en quelques secondes. Mais leurs usages sont appelés à se développer rapidement. Les lunettes ont intégré récemment une intelligence artificielle capable de reconnaître ce qui nous entoure ou de traduire une conversation en direct directement dans les branches. Et elles seront bientôt déclinées dans une version sportive avec la marque Oakley, voire dans une version luxe avec Prada.

Ce succès a inspiré Google, qui prépare lui aussi des lunettes connectées avec appareil photo, micros et haut-parleurs. Son intelligence artificielle maison, Gemini, sera au cœur de l’expérience. En utilisant les infos de Gmail, Maps ou Drive, les lunettes pourront vous guider, traduire, filmer, afficher des notifications et vous aider à vous rappeler d’une information de votre quotidien. Par exemple, si vous oubliez le digicode d’un immeuble qu’elles vous auraient vu taper. Et comme Meta, Google travaille avec un géant de la mode, le groupe Kering derrière Cartier Balanciaga ou Saint-Laurent, pour proposer des modèles esthétiques et faciles à porter.

Le prochain étage de la fusée : la réalité augmentée

Tout ça n’est qu’un début. Tous ces modèles devraient s’enrichir dans les prochains mois de fonctions plus avancées, grâce à la réalité augmentée. L’idée de cette technologie, c’est de ne pas vous couper du monde réel, mais de l’enrichir en superposant des infos, comme des hologrammes visibles sur les verres : pour discuter avec des proches, repérer un lieu, ou identifier un objet.

Meta a déjà présenté Orion, un prototype de lunettes immersives discrètes avec une interface contrôlée par des gestes de la main. On peut y voir des icônes flottantes, suivre un itinéraire dans la rue, cuisiner en suivant une recette ou passer des appels plus immersifs. 

Snapchat et Apple travaillent aussi dans cette direction. Leur principal défi : miniaturiser toute cette technologie pour qu’elle tienne dans une paire de lunettes légère et agréable à porter. Un objectif qui devrait être accompli avant 2030.

Quels risques pour la vie privée ?

Vous l’avez compris : on va devoir s’habituer à voir des lunettes ordinaires de vue ou de soleil, capables de filmer et de récupérer des informations en toute discrétion. Et cette évolution soulève déjà pas mal de questions sur la vie privée. Aux États-Unis, les Ray-Ban Meta peuvent filmer en continu et poser des questions à l’IA, qui analyse ce qu’elles voient en direct. On peut même lui demander d’où vient la tenue d’un inconnu croisé dans la rue. Ce genre d’usage est interdit en Europe.

En France, les autorités ne se sont pas encore totalement prononcées. Une petite lumière est censée signaler quand la caméra des Ray Ban Meta filme par  exemple, mais elle est jugée trop discrète pour vraiment informer les gens autour.

Des chercheurs ont aussi montré qu’il était techniquement possible de connecter ces lunettes à des logiciels de reconnaissance faciale. Résultat : on pourrait identifier une personne croisée dans la rue et retrouver son adresse, son téléphone ou ses réseaux sociaux. Là encore, c’est interdit en Europe. Mais les régulateurs vont devoir rester vigilants, car les géants de la tech n’ont pas l’intention de renoncer à ces projets censés leur permettre de capter toujours plus de données.

Retrouvez chaque semaine (l’inimitable) "Règle d’or" en podcast… et désormais son pendant Numérique consacré aux problèmes du quotidien en ligne. Comment naviguer en toute sécurité sur Internet ? Quelles sont les réglages à paramétrer pour protéger vos données personnelles ? Comment repérer les arnaques en ligne avant de tomber dans le panneau… Benjamin Hue, journaliste à RTL, répond ici aux questions que vous vous posez tous les jours sur les nouvelles technologies.

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