Prix Nobel de chimie : à quoi servent les "ciseaux à ADN" ?
La Française, lauréate avec l'Américaine Jennifer Doudna, est à l'origine d'un outil qui peut modifier l'ADN en intervenant sur une mutation génétique.

Une Française, Emmanuelle Charpentier, a été couronnée du Prix Nobel de chimie ce mercredi 7 octobre, en compagnie de l’Américaine Jennifer Doudna. Ces deux généticiennes ont été récompensées pour avoir mis au point des ciseaux moléculaires capables de modifier des gênes humains. Il s’agit d’une percée révolutionnaire, un rêve de généticiens.
Cet outil facile d’emploi, peu coûteux, permet aux scientifiques de couper l’ADN exactement là où ils le veulent pour par exemple créer ou modifier une mutation génétique, et ainsi soigner des maladies rares. En application pratique, ces ciseaux à ADN créés en 2012 ont permis à des chercheurs californiens d’améliorer la vision chez des rats atteints de cécité.
Des Chinois ont quant à eux créé une race de vache sans cornes. Et aux États-Unis, une intervention au sein d’un embryon sur une malformation qui aurait engendré un problème cardiaque a permis de couper le gène responsable, et donc de supprimer la maladie.
La technique est pour le moment loin d’être infaillible, et fait craindre d’ores et déjà les apprenti-sorciers. C’était le cas lorsqu’un un scientifique chinois est intervenu sur des embryons humains lors d’une fécondation in vitro. Il a tenté de mettre en place une mutation génétique censée rendre des jumelles résistantes au VIH. Mais les ciseaux avaient provoqué d’autres mutations par erreur.
Emmanuelle Charpentier, âgée de 51 ans, a fait ses classes à l’Institut Pasteur. Elle était régulièrement citée pour le Prix Nobel ces dernières années.