Un "non", sans nuances. C’est ce qu’ont répondu les syndicats de médecins généralistes à François Braun. Le ministre de la Santé proposait l’augmentation de la consultation médicale de base de 25 à 26,50 euros. Après un long mouvement social des médecins pour demander une revalorisation de leur travail, ils ont même fait grève à plusieurs reprises. L'affaire mérite d’être relevée, car elle révèle toute la crise du système de santé français.
Il y a là toute la démotivation du corps médical, et même au-delà, du personnel médical, face à des tarifs de consultation indigents. 25 euros, le tarif de base, n’a pas changé depuis 2017. C'est un prix qui dissuade les vocations les plus solides.
Un prix qui, comme le relevait un responsable syndical, est inférieur à celui d’une séance d’esthéticienne ! En effet, une séance d’épilation des aisselles, c’est 40 à 60 euros. Sans mépriser les esthéticiennes - c’est un noble métier - disons que leur expertise et leur responsabilité sont moindres que celle d’un médecin.
Le prix, c’est la valeur qu’on accorde aux choses et le salaire est un élément de motivation important, pour tout le monde, quoi qu’on en dise. La médecine généraliste est un métier utile socialement, il est difficile, il nécessite de longues études. Cela fait quand même de bonnes raisons pour qu’un médecin gagne bien sa vie.
Ce qui bloque, c'est l'administration de la Sécurité sociale... pour une raison compréhensible. C’est elle qui paye, sous la forme des remboursements adressés aux patients. Elle est ainsi l'employeuse indirecte des médecins. Or, ses ressources ne sont pas extensibles, ce sont les cotisations sociales versées par tout un chacun.
Pour garder un bon taux de remboursement pour les assurés, la Sécu est obligée de limiter les tarifs. Comme les tarifs sont bridés, les médecins ne veulent plus travailler. Il y a actuellement six millions de Français sans médecin traitant, bon nombre de ces patients ont des maladies chroniques.
Ne pourrait-on pas former davantage de médecins ? Même s'il y a plus formellement de numerus clausus, là encore, l'administration bloque en limitant le nombre de médecins formés chaque année. Toujours pour la même raison : plus de médecins, ce serait plus de dépenses, donc plus de remboursements, donc plus de déficit.
C’est exactement la même politique pour les médicaments, dont les prix sont limités aussi pour faire des économies, ce qui dissuade les labos de produire, et provoque des pénuries regrettables.
Le seul moyen de contraindre les dépenses de santé dans un système quasi gratuit qui ne contrôle pas la consommation, c’est le rationnement. Voilà des années qu’on organise donc délibérément le rationnement des soins en France. Et ce n’est sans doute pas fini. Il n’y a, en réalité, aucune volonté des autorités pour en finir. Dit autrement, la limitation de l’offre de soins, c’est le prix de la gratuité assurée par la collectivité. En généra