C'est un véritable fléau pour les médecins : les patients qui prennent des rendez-vous qu'ils n'honorent jamais, sans prévenir de leur absence. Selon l'Académie de Médecine, ce phénomène représente chaque semaine deux heures de perdues pour les praticiens. Pour mieux comprendre le problème, le site Doctolib a mené une étude auprès de 13.000 patients. Premier constat : 4,1% des rendez-vous médicaux ne sont pas honorés.
L'étude permet également d'avoir une meilleure idée du profil de ces "poseurs de lapins". Il en ressort par exemple que la majorité d'entre eux ont moins de 35 ans. Par ailleurs, la pratique est plus courante chez les "nouveaux patients" : elle concerne 6,4% des premiers rendez-vous, contre 3,5% pour les patients déjà connus.
Enfin, certaines parties de la France sont plus concernées que d'autres. La plupart des rendez-vous non-honorés ont lieu dans des villes. Sur les cinq départements les plus touchés par le phénomène, quatre sont en Ile-de-France : l'Essonne, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et le Val-d’Oise, auxquels s'ajoutent les Bouches-du-Rhône.
Le problème des lapins médicaux ne touchent pas tous les praticiens de la même manière. Les plus grandes victimes sont les dentistes, avec 6,2% de rendez-vous manqués. Ils sont suivis des médecins spécialistes (4,5%), puis des psychologues (4,2%) et des médecins généralistes et pédiatres (3,4%). En revanche, les masseurs-kinésithérapeutes semblent un peu plus épargnés : 2,6% de leurs rendez-vous ne sont pas honorés.
Du côté des motifs invoqués pour ces faux bonds, trois excuses différentes ressortent de cette étude. Sur les 13 000 patients qui ont été interrogés par Doctolib, la plupart se justifient soit par un oubli (45%), soit par une impossibilité d'annuler leur rendez-vous (44%). En revanche, les 11% restants reconnaissent tout simplement une incivilité de leur part.
Plusieurs solutions sont mises en avant pour limiter ce fléau. Doctolib, par exemple, souhaite améliorer son système en multipliant les rappels de rendez-vous, via des SMS, des notifications ou des e-mails. Actuellement, la plateforme envoie chaque mois 93 millions de rappels à ses utilisateurs en France, en Allemagne et en Italie. Cela vient s'ajouter à la possibilité pour les soignants de bloquer l’accès à la prise de rendez-vous à un patient après plusieurs rendez-vous non honorés.
Par ailleurs, lors de l'examen d'une proposition de loi pour l'amélioration de l'accès aux soins, les sénateurs ont proposé d'aller plus loin. La semaine dernière, ils ont ouvert la voie à une amende pour les patients qui ne se rendraient pas à leurs rendez-vous.