Quels sont les méfaits des écrans sur la santé des enfants ?

Chez les adultes comme chez les enfants, il ne faut pas négliger les conséquences des écrans. La technologie est partout, même dans les petites mains des enfants. Jimmy Mohammed et Flavie Flamant ouvrent le débat et se penchent sur l'impact des écrans sur le développement de l'enfant. Faut-il les bannir ou bien imposer une consommation raisonnée de ces appareils ? Le professeur Amine Benyamina, addictologue à l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif, et la neurologue Servane Mouton sont les deux invités pour ce dossier étroitement lié aux préoccupations d'aujourd'hui et de demain.

Egalement coprésident de la "Commission écrans", le Dr Benyamina précise en amont du débat que les écrans restent des outils formidables et indispensables à notre époque. Au début de la numérisation, les écrans étaient vus d'un œil favorable, mais surtout comme un outil pédagogique pour les plus jeunes. Du moins, le marketing était fait d'une telle manière pour qu'on y croie. 

D'après le Dr Mouton, plusieurs critères entrent en jeu pour modérer le propos, comme l'âge, le type de contenu et la façon dont les écrans sont consommés. Mais ce dont elle est certaine, c'est que "l'outil en lui-même pose question pour des raisons physiques, de lumière, de comportement sédentaire, d'effets sur le sommeil, puis d'accompagnement par un adulte ou pas." L'addictologue ajoute qu'il est "difficile d'incriminer quelque chose qui a été présenté comme une avancée pour l'humanité il y a 30 ans."

Au fil des années, les contraintes et les méfaits ont fait surface, menant ainsi les scientifiques à se pencher sur le sujet : "on s'est rendu compte qu'il y avait un effet pervers qui s'installait, qu'il fallait raisonner, qu'il fallait redonner finalement de la liberté de choix" précise le Dr Benyamina. 

Entre 0 et 3 ans, les écrans ne constituent, dans la grande majorité, que des effets négatifs.

Amine Benyamina, spécialiste en addictologie

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Retard de langage, absence d'interaction avec l'environnement et avec les parents sont des conséquences sociales des écrans chez l'enfant. Dans le rapport de la "Commission écrans", le corps scientifique est unanime : il ne faut pas exposer les enfants de moins de 3 ans aux écrans, même si c'est à visée éducative. Les enfants "apprennent moins bien via un écran que via une interaction humaine directe", précise Servane Mouton.

Jusqu'à l'âge de 6 ans, les appareils numériques sont déconseillés : "Ils doivent rester occasionnels, encadrés par un adulte et avec des contenus à haute valeur pédagogique", souligne la neurologue. Sans compter la toxicité de la lumière bleue qui impacte fortement les yeux.

Quel que soit l'âge, il y a des moments de la journée pendant lesquels les écrans doivent être proscrits. Notamment le matin avant l'école, pour ne pas parasiter la concentration de la journée qui suit. Ou encore, les deux heures qui précèdent le coucher, car cela pourrait bouleverser la qualité et la quantité du sommeil. Puis il y a aussi le moment du repas.

De la même manière qu'on conduit, il faut donner des règles de bonne conduite

Dr Amine Benyamina

Concernant les téléphones portables, les deux invités s'accordent : "Au-delà de l'âge de 11 ans, il nous semblait difficile d'interdire le téléphone." D'après Servane Mouton, pour des raisons d'ordre pratique et de sécurité, le téléphone (uniquement pour les SMS) permet d'apaiser les inquiétudes des parents. Les smartphones, eux, sont préconisés dès 13 ans. 

Quant aux réseaux sociaux, il faudrait attendre l'âge de 15 ans. En ajoutant, évidemment, une protection contre les contenus inappropriés, en particulier la pornographie et les contenus violents. "C'est l'adulte qui doit dicter la règle", enrichit le professeur Benyamina. Même si la pression sociale est lourde dans les cours de récréation quant à l'utilisation du téléphone, pour les deux spécialistes, les parents ne doivent pas lâcher l'affaire : "il faut donner des règles de bonne conduite, de la même manière qu'on conduit", conclut en métaphore Amine Benyamina.

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