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Mercosur : l'accord reporté, Emmanuel Macron estime qu'il est "trop tôt" pour dire s'il pourra l'accepter en janvier 2026

Dans la nuit de jeudi à vendredi, à l'issue du sommet européen, le président français a indiqué qu'il était "trop tôt" pour dire s'il pourra accepter l'accord en janvier, sans toutefois l'exclure. "Je l'espère, parce que ça veut dire qu'on aura obtenu des avancées historiques", a-t-il expliqué.

Emmanuel Macron au Conseil européen, ce 15 décembre 2025.

Crédit : Daniel Pier / NurPhoto / NurPhoto via AFP

AFP - édité par Chloé Berry

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Emmanuel Macron remporte une bataille à Bruxelles. Sous pression en France, le président français a obtenu le report d'un vote sur l'accord commercial avec le Mercosur, ce jeudi 19 novembre 2025. Et cela grâce au soutien-clé de l'Italie. Un répit fragile qui l'expose dans un mois à une nouvelle flambée de colère agricole. 

Dans la matinée, le président français était arrivé sur la défensive comme rarement, lui qui s'affiche volontiers à l'initiative lors des sommets européens. "Je n'aime pas qu'on balade les gens, donc je ne vais pas balader nos agriculteurs", avait-il déclaré devant la presse, invoquant un "bon sens un peu paysan". 

L'heure était grave : la Commission européenne semblait déterminée à arracher d'ici vendredi un feu vert des Vingt-Sept, à la majorité qualifiée, à cet accord de libre échange avec le bloc latino-américain, pour le signer samedi au Brésil. Quitte à passer outre l'opposition française. 

Un pari gagné

Avec un allié de poids, l'Allemagne. Le bras de fer entre Emmanuel Macron et le chancelier Friedrich Merz s'étalait ainsi sur la place publique alors qu'ils avaient mis en scène depuis le printemps l'image d'un couple réconcilié et à nouveau moteur en Europe. 

Le président français demandait lui le "report" de toute décision, sous la pression des agriculteurs qui manifestent en France et dans la capitale belge, conjuguée à celle d'une classe politique française quasi-unanimement opposée à ce texte. 

"Si aujourd'hui il y a une volonté de passage en force", "je vous le dis très clairement, la France s'opposera", "on doit être respectés", a-t-il martelé jeudi matin. Au bout d'une journée de conciliabules dans les coulisses du sommet bruxellois, il a gagné son pari. 

Giorgia Meloni, la grande gagnante

Mais dans la chorégraphie de cette journée cruciale, c'est la Première ministre italienne Giorgia Meloni, souvent présentée comme une rivale d'Emmanuel Macron sur la scène européenne, qui est apparue comme la clé du dénouement. Le président brésilien Lula, pourtant proche de son homologue français, a publiquement déclaré avoir accepté de transmettre à ses partenaires du Mercosur la demande de report d'un mois formulée par la dirigeante italienne lors d'un appel. 

"Meloni joue très finement, c'est un grand sommet pour elle", glisse un diplomate européen. Un autre se montre encore plus cinglant: "Macron ne lui dira jamais publiquement merci, et elle ne dira jamais l'avoir fait comme une faveur à son endroit". 

Quel avenir pour le Mercosur ?

Emmanuel Macron a jugé à l'issue du sommet, dans la nuit de jeudi à vendredi, qu'il était "trop tôt" pour dire s'il pourra accepter l'accord en janvier, sans toutefois l'exclure. "Je l'espère, parce que ça veut dire qu'on aura obtenu des avancées (…) historiques", a-t-il expliqué. 

Car en effet, les mêmes problèmes risquent d'ailleurs de se poser à nouveau en janvier pour le chef de l'Etat. Comme l'a résumé la FNSEA, premier syndicat agricole français, "le Mercosur, c'est toujours non" pour le monde paysan comme pour la plupart des partis politiques hexagonaux. 

Pour cela, il demande la concrétisation de ses trois exigences auxquelles Bruxelles a déjà commencé à répondre : une "clause de sauvegarde" en cas de déstabilisation des marchés agricoles, des "clauses miroirs" en matière de normes sanitaires et environnementales, et des contrôles sanitaires accrus à l'importation. 

Emmanuel Macron qui, sur le fond, considère l'accord commercial comme bon pour plusieurs filières, notamment viticole et industrielle, a reconnu jeudi que la réponse européenne à ces "conditions" avançait "dans la bonne direction". Mais "nous avons besoin d'avoir ces avancées, que le texte change de nature, qu'on parle d'un autre accord", qui "permette de protéger nos agriculteurs", a-t-il prévenu dans la nuit. 

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