Mac Lesggy explique les raisons d'un tel séisme ayant frappé la Turquie et la Syrie. En effet, depuis des millions d'années, l'immense plaque continentale arabique remonte vers le nord, où elle se heurte à la plaque anatolienne, qui correspond grosso modo à la Turquie. La région n'avait pas bougé depuis plusieurs siècles, et des pressions gigantesques s'étaient donc accumulées à la jointure entre les deux plaques.
Le 6 février dernier, ça a cassé quelque part en profondeur, ce qui a brutalement débloqué le jeu entre les deux plaques. Sous la pression de la plaque arabique, la plaque anatolienne dans son ensemble s'est déplacée vers l'ouest de plusieurs mètres, 3 à 7 selon les endroits. Sur plus de 200 kilomètres, le sol s'est coupé en deux, entraîné par le mouvement des deux plaques. Le bord nord de la faille s'est déplacé vers la gauche, le bord sur vers la droite, ce qui a mobilisé une énergie colossale.
En France, la poussée de la plaque africaine, qui est à l'origine de toute cela, se fait sentir. Il y a les Pyrénées, parce que poussées par la plaque africaine, la plaque ibérique, l'Espagne se cogne contre la plaque eurasienne qui comprend notre pays. Il y a les Alpes, parce que poussées par la plaque africaine, la plaque italienne se cogne contre la plaque eurasienne.
En revanche, un séisme aussi intense en France est peu probable. La poussée des plaques, chez nous, est moins forte : 6 mm par an en moyenne, contre plus de 20 mm au niveau de la faille anatolienne. Historiquement, le séisme le plus violent est celui de Lambesc, en Provence, en 1909, qui n'a fait qu'une quarantaine de victimes. Il faut s'attendre à des séismes de même intensité dans les années à venir sur notre sol, c'est une certitude. Les scientifiques savent qu'ils se produiront, car la poussée des plaques est toujours là. Mais ils ne savent pas prédire précisément où et quand ils se produiront.
On attend en respectant, dans les zones à risques, les normes de construction parasismiques. Car ce que le séisme turc a démontré, une fois de plus, c'est qu'un immeuble aux normes parasismiques ne s'effondre pas, et sauve la vie de ses occupants, un immeuble qui ne les respecte pas peut s'effondrer comme un château de cartes. Et ce constat vaut aussi bien pour la Turquie, hélas, que pour la France.