Le sucre de betterave est aujourd'hui menacé par une décision de la Cour de justice européenne qui met à mal la filière sucre française qui compte à la base 24.000 agriculteurs et génère 6.000 emplois directs. Une filière qui, rappelons-le, prospérait en France depuis l'invention du sucre de betterave par Benjamin Delessert à l'époque de Napoléon, quand la route du sucre de canne était coupée par la guerre entre l'Angleterre et la France.
Cette filière est menacée parce que, depuis quelques années, une maladie dévaste régulièrement les cultures de betterave : c'est le virus de la jaunisse, véhiculé par des pucerons. Sur les parcelles infestées, ce virus peut faire baisser les rendements de 30 à 50%. La culture, du coup, n'est plus rentable. Les agriculteurs pouvaient jusqu'à présent s'en protéger en enrobant les semences de betteraves par des insecticides de la classe des néonicotinoïdes. Sauf que ces insecticides sont dangereux pour les abeilles.
Les néonicotinoïdes sont soupçonnés de nuire aux abeilles lorsqu'elles les avalent en butinant des fleurs. Sauf que dans le cas présent, la betterave sucrière est une culture qui ne fleurit pas. Donc il n'y a pas d'abeilles pour venir les butiner. Et c'est pour cela que cette utilisation en enrobage de la semence sur la betterave et la betterave seulement, était encore autorisée, avec par surcroît de précaution, l'interdiction de semer les années suivantes des cultures à fleurs pour éviter que des résidus de néonicotinoïdes ne s'y trouvent.
C'est cette dernière utilisation qui vient d'être interdite par la Cour de justice européenne, alors même qu'aucune étude n'a jamais montré que cette utilisation avait un impact sur les abeilles et insectes pollinisateurs avoisinants. Et c'est d'ailleurs pour cela que les autorités sanitaires britanniques, s'appuyant elles aussi sur des évaluations scientifiques, ont décidé de continuer à autoriser cet usage.
Nos betteraviers sont condamnés à pulvériser des insecticides aériens pour combattre les pucerons vecteurs de la jaunisse, insecticides dont l'efficacité n'est pas garantie et qui ne sont pas sans risque pour les pollinisateurs. Ici, le remède risque d'être pire que le mal. Deuxième alternative : ils arrêtent purement et simplement la culture de betterave et c'est l'effondrement des sucreries françaises et européennes.
En ce qui concerne les traitements contre les pucerons, la recherche n'a pas encore d'alternative. La seule possibilité qu'elle entrevoit, c'est la mise au point de variétés de betterave résistantes à la jaunisse. C'est envisageable avec les techniques d'éditions génétiques à disposition des chercheurs. Sauf que la culture en Europe de plantes obtenues par édition génétique est int