INVITÉE RTL - Journée nationale des aidants : "On n'y accorde aucune valeur", regrette le Dr Hélène Rossinot
En accompagnant leurs proches, les aidants s'oublient parfois eux-mêmes. Pour la journée nationale, des professionnels de santé alertent sur l'usure.
Ce dimanche 6 octobre marque la journée nationale des aidants. Ils sont environ onze millions en France à aider quotidiennement leurs proches en perte d’autonomie, qu'ils soient âgés, malades ou handicapés. Emmanuel Macron avait promis, en 2022, un plan national avec au moins quinze jours de répit par an, mais force est de constater que rien n’a vraiment changé pour eux.
Guillaume Limousin, directeur de l'accueil de jour de l’association Delta 7, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, présente les caractéristiques de sa mission : “L’objectif principal de l'accueil de jour est de donner du répit aux aidants. Généralement, quand ils arrivent chez nous, ils sont démunis, ils cherchent à être accompagnés. Être aidant, c’est aussi un peu s’oublier, donc on essaye de leur faire comprendre qu’on peut s’occuper de quelqu’un et prendre soin de soi-même.”
Le docteur Hélène Rossinot, invitée sur RTL ce dimanche, estime que les aidants sont "invisibles" et que "le système de santé ne pourrait pas marcher sans eux, il n'y a pas de soin à domicile ou de retour en ambulatoire sans un proche disponible". "On n'y accorde aucune valeur, c'est un peu désespérant", regrette-t-elle.
Les mesures tardent à arriver
Francis, 63 ans, vient justement déposer, trois matins par semaine, sa sœur aînée souffrant de la maladie d’Alzheimer dans ce centre. “C’est triste à dire, mais quand elle n’est pas avec moi, je peux souffler en me disant que cet après-midi est à moi. Quand elle est à la maison, je ne fais rien d’autre que la surveiller”, souffle celui qui a été contraint de prendre sa retraite depuis le diagnostic de sa sœur, il y a trois ans. “Je n’ai plus de vie privée, j’aimais bien aller au restaurant avec des amis, mais ce n’est plus possible. C’est usant… Je reconnais que, parfois, je l’envoie promener, peut-être un peu brusquement, mais c’est que je n’en peux plus”, dit-il, la mine fatiguée, les mains sèches et une reprise intensifiée de la cigarette pour se soulager.
Accueil de jour, aide à domicile permanente ou formation, plusieurs dispositifs existent. Pour Morgane Hiron, du collectif “Je t’aide”, les mesures annoncées par Emmanuel Macron ne vont pas assez vite : “Il y a eu quasiment deux années blanches. On n’a aucune visibilité sur ce qui est mis en œuvre, ce qui est prioritaire. On considère que les aidants coûtent cher, mais ne pas agir pour les aidants coûte encore plus cher à la société.” Elle évoque “beaucoup de colère” et “d’inquiétude”, car, d’ici 2030, plus de 6 millions de Français auront plus de 75 ans. Le docteur Hélène Rossinot va dans son sens : "Le répit, c'est encore une idée, plus qu'une réalisation."
L’association Delta 7 permet également aux aidants de s’organiser au mieux pour les temps à domicile, l’emploi du proche ou encore les types d’aides à mettre en place. “Le risque, c’est que si ces aidants-là s’oublient, ce sont eux qui partent en premier et les personnes en difficulté se retrouvent seules”, alerte Guillaume Limousin. Un aidant sur sept ne se rend pas compte qu’il est dans cette situation.
