Endométriose : le congé menstruel est-il vraiment une solution efficace pour soulager les malades ?
PODCAST - Vendredi 28 mars marque la journée de sensibilisation à l'endométriose, cette maladie du système reproductif féminin qui provoque douleurs intenses, malaises et même infertilité. Dans cet épisode de "Tout Savoir Sur", Yasmine Candau, présidente de l'association EndoFrance, salue les initiatives qui visent à mettre en place des congés menstruels pour les malades mais propose des solutions plus radicales.
Depuis mars 2023, la ville de Saint-Ouen-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) propose à ses agents un congé menstruel destiné à soulager les personnes vivant des périodes de règles douloureuses. Une occasion qu'a saisie Camille, interrogée par nos confrères de M6. Elle souffre d'endométriose, cette maladie qui touche le système reproductif féminin.
"J'ai des douleurs dans le dos, des vomissements, décrit cette agente de la mairie. C'est quelque chose que j'ai dû appréhender en modifiant mon agenda. J'ai décalé des réunions, j'ai posé des jours de congés. Ça a vraiment eu un impact sur mon organisation de travail." Aujourd'hui, elle dispose de deux jours de congé menstruel, sans jour de carence.
Comme Saint-Ouen, de plus en plus d'entreprises et de collectivités ont mis en œuvre cette politique. "Il y a des grands groupes qui ont un petit peu montré l'exemple, comme par exemple Carrefour ou L'Oréal", explique Agathe Landais, journaliste santé à RTL dans Tout Savoir Sur. "Il y a aussi des jours d'absence qui sont tolérés pour les étudiantes dans certaines facs." Des solutions saluées par les associations de patientes, mais est-ce suffisant ?
Un autre outil peut aider les personnes à se maintenir dans l'emploi, c'est la Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé
Yasmine Candau, présidente d'EndoFrance
Yasmine Candau, présidente de l'association EndoFrance, préconise d'autres solutions. "C'est très bien que certaines entreprises mettent en place [le congé menstruel]. Quand on a de l'endométriose, je ne sais pas si c'est suffisant, si ça répond suffisamment aux problématiques", nuance-t-elle. "Moi, je dirais qu'il y a un autre outil qui peut aider les personnes à se maintenir dans l'emploi, c'est la RQTH, la Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé."
Grâce à ce statut, davantage d'aménagements sont possibles pour les personnes atteintes d'endométriose, insiste-t-elle. "C'est-à-dire qu'on peut avoir une chaise beaucoup plus confortable, on peut avoir un bureau qui va se régler en hauteur, par exemple, pour alterner la position, on peut bénéficier d'horaires allégés, on peut bien sûr avoir du télétravail supplémentaire."
Yasmine Candau détaille les modalités de demande de ce statut. "C'est un dossier administratif qui peut paraître un petit peu lourd à construire, reconnaît-elle. Mais en fait, il y a une partie médicale que le médecin traitant va remplir. On peut y adjoindre tous les comptes rendus médicaux de spécialistes si on est suivi en centre antidouleur, si on a été opéré, si on a des soins réguliers. Et puis, il y a une partie vie avec la maladie où là, vraiment, on va détailler, en dehors du travail aussi, ce que l'endométriose impacte sur le quotidien."
Malheureusement, l'ALD ne rembourse que ce qui est pris en charge par la Sécurité sociale
Yasmine Candau, présidente d'EndoFrance
Une autre solution suggérée par Clémentine Autain, ex-députée insoumise en 2022 : faire de l'endométriose une maladie inscrite sur la liste ALD30, ce qui vaudrait aux malades de bénéficier systématiquement du statut d'affection longue durée (ALD). Une proposition de loi votée à l'unanimité par l'Assemblée nationale, mais qui n'a pas été suivie du décret nécessaire à sa mise en application.
Pour autant, l'endométriose reste une maladie pour laquelle les patientes peuvent bénéficier d'une ALD appelée "hors liste", indique Yasmine Candau. "Il faut bien sûr que le médecin généraliste soit formé pour remplir ce dossier. Il ne suffit pas d'écrire 'endométriose', mais il faut détailler les soins, les traitements et l'évolutivité de la pathologie que l'on a", précise-t-elle.
Yasmine Candau rappelle néanmoins aux patientes qu'il ne s'agit pas d'une solution miracle. "Malheureusement, l'ALD ne rembourse que ce qui est pris en charge par la Sécurité sociale. Donc, ni les dépassements d'honoraires, ni les soins de support", comme le kiné, l'ostéopathie ou la sophrologie.
