ÉDITO - Usine de paracétamol à Toulouse : "Veut-on d’une France musée ou d’une France innovante ?", demande Isabelle Saporta

Un projet d’usine de paracétamol à côté de Toulouse qui provoque une levée de bouclier des riverains. Vous vous souvenez du Covid ? On manquait de masque ? De gel ? De vaccins ? Mais aussi de paracétamol ? À tel point que la relocalisation industrielle a été au cœur de l’élection présidentielle de 2022. 

Pourtant, en 2023, on a eu de nouvelles pénuries, entraînant de nouveaux rationnements de Doliprane, devenu plus rare que de l’or, grand plan de relocalisation en 2023 de 50 médicaments prioritaires. On est en janvier 2025 et on a enfin un beau projet français soutenu par l’État pour pas loin de 4 millions et par la région Occitanie pour 4.2 millions. 

Un projet écolo et novateur, qui, avec des cuves 10 fois plus petites, devrait générer 33 fois moins de déchets qu’un procédé classique. Un projet qui sera situé sur une friche industrielle donc sans nouvelle construction. Et cocorico : ce projet devrait produire 40% de notre consommation nationale !

Veut-on d’une France musée ou d’une France innovante ?

Mais, levée de bouclier d’un comité de quartier inquiet que le site soit classé Seveso, c'est-à-dire à risque. Sauf que si le site est classé Seveso, c'est parce qu’il a choisi de stocker une partie des matières actives nécessaires à la fabrication du paracétamol. C’était ça ou faire tourner une noria de camions bruyants et polluants toute la journée pour alimenter l’usine. Parions que les camions ça n’aurait pas plu d’avantage aux riverains 
 
Ce futur site est situé non loin de l’ancienne usine AZF. En explosant, en 2001, elle avait fait 31 morts. Cet accident est une blessure dans la mémoire française et toulousaine et nous ne saurions la minimiser. Mais soyons francs, on aurait pu la mettre n’importe où cette usine, ça aurait été une levée de boucliers.  

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Comme il y a une levée de boucliers à chaque fois qu’on essaie de construire une prison, de prolonger une ligne à grande vitesse, un RER ou un métro, de terminer un tronçon d’autoroute ou même d’implanter une éolienne. Les grands projets, c'est bien tant que ça n’est pas dans mon jardin… La question c’est : veut-on d’une France musée ou d’une France innovante ? D’une France dépendante ou d’une France souveraine ? Dans ce monde instable, assurer notre souveraineté paraît être une bonne idée.