ÉDITO - Quitter X est une affaire de "lâcheté" et de "prétention", pour Isabelle Saporta
Dans son édito, Isabelle Saporta revient sur le mouvement qui agite les politiques, celui de vouloir quitter X (ex-Twitter).
Tout le monde prédit des répercussions telluriques à l’investiture de Donald Trump. Dans les relations géopolitiques, avec le cessez-le-feu à Gaza, en attendant peut-être celui en Ukraine ou l’improbable annexion du Groenland. Dans le domaine économique avec une hausse faramineuse des tarifs douaniers. Dans celui de l’innovation avec le basculement du continent américain dans l’intelligence artificielle et la conquête de l’espace.
Et pendant que les États-Unis façonnent notre futur, que proposent nos politiques français ? Un grand plan technologique ? Économique ? Non, non. Ils veulent juste quitter le réseau social X ! Et chacun de nos politiques y va de sa bafouille maladroite, pour annoncer à l’homme le plus riche du monde et propriétaire de X, Elon Musk donc, qu’à cause de lui, il ou elle quitte le réseau social.
Comment le formuler sans être désagréable ? Je ne suis pas certaine que ces départs soient de nature à faire trembler Musk, pas plus d’ailleurs que les injonctions à l’interdiction de X. Bref, les Américains inventent, nous, nous interdisons ou nous réglementons.
Non au séparatisme
On déserte le champ de bataille quand on est pas certain de gagner ? On s’exclut d’une agora mondiale qui permet de soutenir des combats magnifiques comme ceux des femmes iraniennes ?
Je ne vois que deux raisons à cette désertion. La première c’est la lâcheté. La seconde, la prétention. Au fond nos politiques sont persuadés que tous ceux qui ne pensent pas comme eux, ne méritent pas qu’on échange avec eux. Et pour leur tourner le dos, en ayant le beau rôle, ils les taxent de complotistes. Mais faire société c’est se respecter, pas se ressembler.
Puis, c’est quoi la prochaine étape ? Aujourd’hui on quitte X, et demain notre quartier de peur d’être confrontés à des voisins qui ne partagent pas nos idées? Pour mieux se regrouper là où on est sûr de trouver des gens qui pensent comme nous ? Les Américains se livrent déjà à ce séparatisme. Permettez-moi de trouver ça épouvantable.
Alors plutôt que de singer les États Unis dans ce qu’ils font de pire, si on les copiait dans ce qu’ils font de mieux c’est-à-dire construire l’avenir ?
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