ÉDITO - Nantes : "S'attaquer à Trump, c'est plus compliqué que de critiquer l'emplacement d'ours en bronze", dénonce Isabelle Saporta

Une polémique à l’aéroport de Nantes. Alors que deux sculptures d’ours en bronze ont été installées sur le parvis en novembre dernier, la section locale des écologistes est très remontée contre la présence de ces statues de Michel Bassompierre. Mais pourquoi donc ? 

Vous le voyez venir le drame ? Les écolos se sont insurgés devant ce crime de lèse-majesté et ont hurlé à l’intolérable greenwashing. Comment l’aéroport ose-t-il exposer ces deux ours, symboles de la nature en danger devant un aéroport, alors même que l’aviation civile est une énorme pollueuse, responsable de 13,4% des émissions de gaz à effet de serre des transports dans l'Union européenne ?

Pour les écolos, l’aéroport n’est pas seul sur le banc des accusés. L’État devrait lui aussi mourir de honte d’avoir laissé passer cette exposition. Ils reprochent ainsi aux autorités de ne pas avoir su préserver les ursidés. Le tribunal administratif de Toulouse a d’ailleurs condamné l’État pour ce fait en 2018. 

Et le camouflet à la biodiversité ne s’arrête pas là pour les écolos courroucés. L’une des sculptures exposées représente un ours dérangé par des abeilles quand il mange du miel. Une nouvelle faute selon les militants. Comment le sculpteur, dont on sait pourtant l’engagement écologique, a-t-il pu traiter avec tant de légèreté l’extinction des abeilles dont le rôle crucial dans la pollinisation ne saurait être moqué ?

Le plus cocasse dans cette histoire complètement absurde, c’est que ces deux ours font partie d’une grande exposition sur l’élégance animale organisée en partenariat avec le WWF.

On en rirait presque si les pauvres ours blancs n’étaient pas en train de s’éteindre sur leur banquise qui s’amenuise d’année en année, et qui devrait être réduite à peau de chagrin si Donald Trump parvient à faire main basse sur le Groenland pour s’emparer des ressources d’hydrocarbures. Là, vraiment, on pourra s’énerver et pleurer. 

Mais c’est sûr que s’attaquer à Trump est un peu plus compliqué que de critiquer le mauvais emplacement des ursidés en bronze.